
C’est un camouflet pour la première ministre d’extrême droite italienne, Giorgia Meloni, et sa collègue sociale-démocrate danoise, Mette Frederiksen. Obsédées par le durcissement des politiques migratoires, elles avaient pris une initiative, rejointe dans une lettre ouverte, par sept autres dirigeants de pays membres de l’UE, visant ouvertement une réduction des standards des droits garantis aux migrants par la Convention européenne des droits de l’homme. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, le Suisse Alain Berset, a rejeté ce samedi 24 mai tout affaiblissement de la Convention européenne.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui dépend du conseil de l’Europe, est l’objet des plus vifs reproches des neuf États partie prenante de l’initiative italo-danoise. Alain Berset a tenu à formuler une réponse au ton et au contenu plutôt fermes et inhabituels. S’il juge « sain » de débattre, il ajoute aussitôt que, « face aux défis complexes de notre époque, notre rôle n’est pas d’affaiblir la Convention, mais au contraire de la garder solide et pertinente ». (...)
Alain Berset écrit que « maintenir l’indépendance et l’impartialité de la Cour est fondamental ». Et d’ajouter : « Dans un État de droit, la justice ne doit pas être soumise à des pressions politiques (…). La Cour ne doit pas servir d’arme, ni contre les gouvernements ni par eux. »
En fait, derrière ce bras de fer, c’est la condamnation de la CEDH, bloquant l’envoi par le Royaume-Uni de demandeurs d’asile vers le Rwanda, qui fait l’objet des plus vives attaques. L’Italie de Meloni, qui envisage une procédure analogue après avoir passé un accord avec les autorités albanaises, est aussi en échec sur ce dossier alors que de nombreux dirigeants européens appellent de leurs vœux une « externalisation » des demandes d’asile vers des États tiers non-membres de l’UE.
À noter que le Français Gérald Darmanin, actuel ministre de la justice, participa, lui aussi, en son temps à la banalisation des remises en question des prérogatives de la CEDH. (...)