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Basta
« Il faut que le droit pénal prenne en compte les crimes industriels
#industriels #cancers #pesticides
Article mis en ligne le 31 janvier 2024

Massifs, les cancers professionnels résultant de l’exposition à l’amiante, aux pesticides ou à d’autres toxiques, restent largement invisibles. La sociologue Annie-Thébaud Mony nous explique pourquoi et ce que peuvent faire les citoyens. Entretien.

Basta ! : Pourriez-vous revenir sur l’importance de ne pas réduire la santé publique à un problème ou à des enjeux de comportements individuels ?

Annie Thébaud-Mony [1] : Les maladies liées à l’amiante ou aux pesticides ne sont pas des maladies comportementales. Malheureusement, en santé publique, il y a une forte tendance à interpréter tous les problèmes de santé comme relevant de la responsabilité individuelle. On sait pourtant aujourd’hui, et c’est très clair dans de nombreuses enquêtes que j’ai pu faire, que les cancers sont en grande partie causés par des expositions professionnelles à des produits toxiques. (...)

La force du mouvement social des victimes de l’amiante, les alliances que nous avons évoquées et l’important travail d’information fourni par certains journalistes d’investigation au tournant des années 1990 et 2000 a permis une prise de conscience dans l’ensemble de la société. On ne retrouve pas cela dans les mêmes proportions pour d’autres produits toxiques, malheureusement.

Aujourd’hui, il reste il est vrai très compliqué d’obtenir une reconnaissance en maladie professionnelle. (...)

On a une quadruple invisibilité des cancers professionnels. (...)

. L’usage contrôlé de l’amiante a été une mystification organisée par les industriels dans les années 1970, quand ils se sont rendus compte qu’ils n’allaient pas pouvoir empêcher que la dangerosité de l’exposition à l’amiante investisse l’espace public (...)

Le chantage à l’emploi prend le pas sur toutes les autres considérations, et notamment celle des conditions de travail. (...)

peut être une nouvelle catégorie du code pénal qui est la catégorie des crimes industriels, des crimes sociaux et environnementaux, qui resterait à inventer. Il faut qu’il y ait une réflexion de nos parlementaires sur ce sujet. Il faut qu’on puisse obtenir que le droit pénal prenne en compte les crimes de masse que sont les crimes industriels. (...)

Un institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale s’est créé et il va explorer diverses voies pouvant expliquer ces cancers, mais aussi d’autres problèmes sanitaires. (...)