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Grèce : réunis en coalition, les partis écolos peinent à se faire entendre
#Grece #electionseuropeennes #urgenceclimatique #ecologie
Article mis en ligne le 17 juin 2024
dernière modification le 15 juin 2024

Malgré les catastrophes naturelles répétitives, la coalition écologiste grecque pourrait n’obtenir aucun siège au Parlement européen. En cause : l’invisibilisation et la dépolitisation de l’écologie dans le débat public.

À presque une semaine du scrutin européen, une quarantaine de militants et candidats de la liste Kosmos, le parti de coalition des écologistes grecs, s’est rassemblée le jeudi 30 mai dans un petit théâtre indépendant du centre d’Athènes. Objectif de la soirée : faire échanger des jeunes, militants ou pas, avec des membres et des candidats de la coalition Verte en lice pour les élections européennes. (...)

Ce jeune diplômé en ingénierie civile dit être « un extraterrestre » pour sa famille comme pour la société, lorsqu’il met en avant ses pratiques écolos au quotidien. « Je ne me déplace qu’à vélo, ce qui est déjà assez rare pour un Grec. Mais quand les gens me voient récupérer les restes alimentaires pour en faire du compost dans mon jardin, là, ils me prennent pour un fou ! » dit-il mi-amusé, mi-désabusé. C’est dire le défi que représente cette campagne électorale pour les écologistes grecs.

D’autant qu’elle a été une campagne éclair. Fondé il y a à peine quatre mois en vue des élections européennes et soutenu par le groupe des Verts européens, Kosmos est devenu en quelques semaines la première coalition ayant réussi à rassembler l’ensemble des partis Verts grecs traditionnels pour des élections. Son fondateur, Petros Kokkalis, actuel député européen, avait fait défection en 2023 du parti de gauche Syriza pour rejoindre le groupe européen des Verts/ALE. (...)

« Ici, l’écologie est encore aujourd’hui perçue comme un luxe », regrette Vassiliki Grammatikoyianni, coprésidente du parti des Verts écologistes et candidate européenne sur la liste Kosmos. Plusieurs années de crise économique et de baisses drastiques des salaires sont passées par là. En quinze ans, le PIB par habitant s’est effondré et demeure, malgré une reprise, l’un des plus bas de l’Union européenne. Difficile dans ce contexte de percevoir l’écologie comme une priorité politique. (...)

En Grèce, pourtant, « l’urgence écologique est absolue », souligne Theodota Nantsou, directrice des programmes du WWF Grèce, qui décrit son pays comme un « hot spot de la crise climatique ». Car outre la crise économique qui avait sévi à partir de 2008, ce sont bien les catastrophes naturelles qui ravagent chaque année le pays.

L’été 2023 a été l’un des plus dévastateurs, avec notamment le plus grand incendie jamais enregistré dans l’Union européenne, qui a fait rage, en août dernier, dans le parc national de Dadià, dans le nord du pays et qui a fait vingt morts. Quelques semaines plus tard, des inondations d’une ampleur inédite détruisaient les cultures de Thessalie, l’une des plus vastes zones agricoles du pays, toujours pas remise des dégâts aujourd’hui. (...)

« chaque année, les politiques se déresponsabilisent de ces catastrophes », fulmine Theodota Nantsiou. Un récit politique bien ancré, « qui distingue la politique environnementale désastreuse menée dans le pays depuis plusieurs années [avec une ouverture aux marchés sans précédent de l’exploitation des ressources naturelles, notamment l’extraction d’énergies fossiles], d’une supposée fatalité liée au changement climatique », selon Vassiliki Grammatikoyianni. (...)

La couverture médiatique n’aide pas à repolitiser la question. « Pour les gros médias grecs, les partis écologistes n’existent pas, nous ne sommes jamais invités ni interviewés, si ce n’est durant les campagnes électorales, car la loi les y oblige », raconte la candidate écologiste et ancienne journaliste. Elle déplore aussi « une défaillance et une simplification des questions environnementales » dans la presse. (...)

En outre, à la veille des élections européennes, « le débat politique se déroule comme s’il s’agissait d’un débat national, sans aucune prise en compte des enjeux européens, qui sont en grande partie environnementaux » (...)

Pour autant, selon plusieurs études, les Grecs ont conscience de la menace climatique. Une étude d’avril 2024 menée par l’institut Dianeosis dévoile que le changement climatique arrive en troisième position (20,5 %) des plus grandes menaces qui pèsent selon eux contre leur pays, derrière la situation économique (49,1 %) et la baisse démographique (36,7 %). Sur les menaces pesant sur l’ensemble de la planète, le changement climatique arrive même en première position, selon une deuxième étude menée auprès des Hellènes par l’institut Metron Analysis. (...)

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