
Préserver le vivant sur ses terres pendant 99 ans : voilà ce que permettent les obligations réelles environnementales (ORE). Cet outil foncier séduit de plus en plus de propriétaires, qu’ils soient privés ou publics.
Depuis le 22 août, les merveilles de l’écovillage de Sainte-Camelle (Ariège) sont protégées à vie de toute bétonisation ou prédation immobilière grâce à un dispositif méconnu des propriétaires de bouts de nature : l’obligation réelle environnementale ou ORE. Trois petites lettres de rien du tout mais qui peuvent beaucoup pour le vivant.
Les obligations réelles environnementales sont un outil créé par la loi Biodiversité du 8 août 2016 et codifié à l’article L. 132-3 du Code de l’environnement. Il s’agit d’un contrat conclu entre un propriétaire (privé ou public) désireux de protéger l’environnement chez lui de façon pérenne et un cocontractant, au choix, une collectivité, une association de défense de l’environnement, un conservatoire d’espaces naturels ou un parc naturel régional, etc. Le tout se signe devant notaire, ce qui permet de transmettre lesdites obligations de propriétaire en propriétaire pour une durée qui peut s’étendre jusqu’à 99 ans ! (...)
Ainsi, ni les héritiers, ni les futurs acquéreurs ne peuvent se soustraire auxdites obligations. À la différence d’un outil réglementaire, l’ORE est librement discutée et consentie entre les parties. Ainsi, à Sainte-Camelle, le choix fut de préserver les haies et les mares du site, de privilégier la fauche sur certains espaces, d’interdire la coupe de précieux arbres… (...)
En un an, 130 ORE ont été signées
Dans l’univers des écolieux, où des habitants investissent dans des domaines en déshérence, retapent de vieilles bâtisses et protègent la biodiversité qui les entoure, l’idée de pérenniser leurs actions de protection cartonne. (...)
Pour Claire Tutenuit, présidente de l’association Le Ruban vert dans l’Yonne, l’avantage de l’ORE est évident : cela permet de fortifier la trame verte de sa région. (...)
Mesures fiscales ou non, les ORE n’intéressent guère les principaux syndicats liés à la gestion de l’espace rural (FNPPR, FNSEA…) qui ne soutiennent pas leur développement. (...)