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Gaza : le missilier MBDA complice de crimes de guerre
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #armement
Article mis en ligne le 19 juillet 2025
dernière modification le 17 juillet 2025

Le principal constructeur européen de missiles fabrique des ailerons servant au guidage de bombes larguées sur des civils à Gaza, révèlent Disclose, The Guardian et Follow the Money. D’après notre enquête, ces munitions équipées de composants MBDA ont été utilisées par l’armée israélienne dans 24 bombardements. Plus d’une centaine d’enfants sont morts dans ces attaques.

Dans les décombres de l’école Fahmi Al-Jarjawi, des experts militaires ont identifié une pièce de métal servant à équiper un missile utilisé par l’armée de l’air israélienne : le GBU-39, une bombe de 110 kilos produite par l’américain Boeing. Ce composant clé est facilement reconnaissable : il s’agit d’un aileron « Diamond Back wing », fabriqué par le missilier européen MBDA, dont le siège social est situé au Plessis-Robinson, en Île-de-France, révèlent Disclose et The Guardian, en partenariat avec le média néerlandais Follow the money. Selon Brian Castner, expert en armements chez Amnesty International, ces ailes sont une pièce indispensable au guidage du GBU 39, « une arme de haute précision qui ne peut rien faire sans elles ». (...)

Ce type de bombes a été largué par Tsahal dans au moins 24 frappes, entre le 2 novembre 2023 et le 26 mai 2025. Elles ont causé la mort de plus de 500 personnes, d’après un décompte réalisé par Disclose et ses partenaires à l’aide de rapports de l’ONU, d’Amnesty International, de divers médias et les recherches de Trevor Ball, qui collabore avec l’Armement Research Services. Les cibles principales ? Des écoles, au nombre de 16, transformées en abri par les Gazaoui·es. Autrement dit, des bâtiments civils protégés par le droit international. Mais aussi les camps de déplacé·es de Nuseirat et Rafah, les 24 mai et 6 juin 2024, ainsi qu’une mosquée de Gaza City. Selon notre enquête, plus d’une centaine d’enfants sont morts dans l’ensemble de ces attaques aériennes. (...)

En dépit des appels du conseil des droits de l’Homme de l’ONU à cesser les ventes d’armes à Israël en raison du risque « plausible » de génocide, le groupe MBDA assume la fourniture de pièces détachées utilisées par l’armée israélienne (...)

De fait, les ailerons Diamond Back wing ne sont pas fabriqués en Europe, mais dans l’État américain de l’Alabama, où le groupe européen possède une filiale baptisée MBDA Inc. Or, même si la production et la fixation des Diamond Back wing sur les GBU-39 se fait outre-Atlantique, c’est bel et bien en Europe que les profits sont engrangés. En l’occurrence, par MBDA UK, la filiale britannique de la multinationale. D’après ses comptes de 2023, les plus récents disponibles en ligne, elle a réalisé 40 % du chiffre d’affaires du groupe sur un total de 4,4 milliards d’euros cette année-là. « MBDA tire profit des ventes d’armes à Israël » résume Sam Perlo-Freeman, coordinateur de recherche pour l’ONG britannique Campaign against arms trade (CAAT). (...)

« Le génocide se poursuit, car il est lucratif »
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU (...)

En France aussi, le groupe s’expose à des poursuites pour recel de crimes de guerre. Comme l’explique Cannelle Lavite, co-directrice du programme entreprises et droits humains à l’European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) : « S’il est démontré que la société MBDA récolte les revenus de la filiale américaine alors que son siège social est en région parisienne, cela veut dire qu’elle en profite. Or, ces revenus sont tirés de ce qui apparaît être un crime ».

Dans ce cas, pourquoi la direction de MBDA fait-elle preuve d’une telle assurance ? Probablement parce que les États européens demeurent impuissants, par exemple, à décréter un embargo sur des armes fabriquées hors du Vieux continent. (...)

l’Europe s’obstine à regarder ailleurs. À ce jour, les menaces de « sanctions ciblées » contre Israël, brandies par le Royaume-Uni, la France et le Canada, en mai dernier, n’ont trouvé aucune suite.

« Le génocide se poursuit, car, pour beaucoup, il est lucratif », tranche Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés. Exaspérée par l’immobilisme des PDG comme des dirigeants politiques européens, la juriste italienne s’est donnée comme mission de pourchasser les « profiteurs » du génocide. Dans son dernier rapport, publié le 3 juillet, elle cible plusieurs dizaines de multinationales. Si MBDA n’est pas mentionné, c’est parce que, de son propre aveu, l’inventaire ne représente que « la pointe émergée de l’iceberg ». (...)

« La suite dépend de nous tous », exhorte Francesca Albanese. Charge aux « syndicats, aux avocats » et aux « gens ordinaires » de se mobiliser, dit-elle, pour faire pression sur les entreprises impliquées dans des crimes de guerre en Palestine. Par exemple, le missilier MBDA. (...)