
Une pétition signée par un millier de scientifiques, des ONG qui se mobilisent, une action symbolique devant l’institution : le Conseil du CERN est sommé d’examiner ses accords de coopération.
L’action est symbolique, mais elle traduit une mobilisation croissante au sujet de la coopération de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) avec Israël, dans le contexte des massacres commis à Gaza : vendredi 1er août, un petit groupe d’activistes s’est filmé devant l’entrée de l’institution, à Meyrin, en train de descendre le drapeau israélien de son mât, puis de le jeter dans une poubelle.
« Notre action était pacifique, nous avons agi à visage découvert, car en tant que Genevois, nous pensons que le CERN représente des valeurs importantes pour notre ville. Il doit stopper toute collaboration avec Israël », nous dit l’une des militantes, jointe par téléphone. « Le service de sécurité s’est montré nerveux, et le CERN a déposé une plainte à notre encontre », précise-t-elle. (...)
Pétition émanant de scientifiques
L’incident de Meyrin, bien qu’isolé, témoigne d’une pression grandissante sur l’institution. Comme le révélait mercredi dernier « Le Courrier », une pétition signée de plus d’un millier de scientifiques, travaillant sur le site ou en partenariat avec le CERN, circule actuellement. Elle demande au Conseil du CERN, l’autorité suprême constituée de ses États membres, de réévaluer la coopération avec Israël et sa conformité avec les valeurs de l’institution au vu des nombreuses exactions commises par cet État à Gaza. (...)
Le précédent russe au CERN
Depuis 2014, Israël est l’un des 25 États membres du Conseil du CERN, il fait donc partie de sa gouvernance. Les scientifiques signataires de la pétition ne remettent pas en cause ce statut. Mais de fait, ils le questionnent, en relevant qu’en mars 2022, le Conseil avait statué que « l’agression d’un pays par un autre va à l’encontre des valeurs défendues par l’organisation », ce qui l’avait amené à suspendre ses accords de coopération avec la Russie, laquelle avait un statut d’observateur.
Cette suspension avait formellement pris forme en novembre 2024, avec toutefois le maintien d’un lien, très contesté, avec l’Institut unifié de recherches nucléaires, près de Moscou. (...)
Science4Peace Forum précise qu’« il ne s’agit pas de demander l’exclusion d’Israël du Conseil du CERN, la coopération civile doit être maintenue, car la recherche fondamentale doit être porteuse de paix ».
Au Moyen-Orient, le Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées (SESAME) a longtemps porté ce message. Ce programme, sis en Jordanie et soutenu par l’Unesco, rassemble dans sa gouvernance l’Iran, Israël, la Palestine, l’Égypte, la Jordanie, le Pakistan, la Turquie et Chypre. Résistera-t-il à la géopolitique et aux souffrances ?
Amnesty International
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