
Une vidéo publiée début juin et rapidement relayée sur les réseaux sociaux a mis en lumière une initiative de plusieurs enseignants du collège Flora Tristan, dans le 20e arrondissement de Paris. Ces derniers y expriment leur indignation face à la situation humanitaire à Gaza, dénonçant les violences subies par les civils, et en particulier les enfants. Cette prise de parole collective, assumée comme citoyenne et humaniste, a été suivie d’une vague de critiques venues de la droite parisienne, de rappels à l’ordre administratifs, et de réactions syndicales de soutien.
Une initiative née au sein de l’établissement (...)
La déclaration souligne une urgence morale face à des violations massives des droits humains : « Jusqu’à quand laisserons-nous perpétrer ces crimes de masse ? […] Jusqu’à quand laisserons-nous des jeunes de l’âge de nos élèves mutilés, affamés, privés d’éducation et de soin ? […] Mettons un terme au génocide ! »
Claire* enseignante au collège, précise que tout a été fait pour respecter le cadre professionnel : « Nous avons pris le soin d’éviter que des élèves soient présents. Ni eux ni le chef d’établissement n’ont été impliqués. Ce texte n’est pas une prise de position politique, mais une déclaration humaniste née de notre métier et de notre responsabilité. »
Des familles, alertées par des messages alarmants sur les réseaux sociaux, ont exprimé des inquiétudes, mais plusieurs retours de soutien ont aussi été enregistrés, soulignent les enseignants.
Critiques politiques : la droite parisienne dénonce un manquement au devoir de réserve (...) (...)
De pressions dénoncées par les syndicats
Du côté des organisations syndicales, la réaction a été rapide. Cinq syndicats parisiens ont publié une déclaration commune dénonçant les « pressions contre les voix qui demandent la paix » et soutenant les enseignants mis en cause. Une intersyndicale s’est formée en soutien au collège, rappelant les principes de liberté d’expression encadrés par le statut des fonctionnaires.
Les syndicats rappellent que si le devoir de réserve s’impose, les personnels conservent leurs libertés fondamentales, notamment hors du cadre strict de leur mission.
Un climat de durcissement et de surveillance accrue
Les enseignants de Flora Tristan ont reçu le 12 juin un courrier individuel de rappel au devoir de réserve envoyé par le rectorat. Dans une déclaration collective, signée avec leurs représentants syndicaux, ils dénoncent la démarche comme infantilisante : « Cette lettre ne répond pas à nos questionnements […] ; il semble au fond qu’il s’agissait, non de nous écouter et de dialoguer, mais seulement de relever les identités des participants afin de leur adresser ce courrier vexatoire et infantilisant. »
Ils relient cette réponse administrative à une forme de pression politique : « Cela laisse à penser que la seule préoccupation du ministère était de satisfaire les odieux agitateurs de droite et d’extrême droite qui, main dans la main, ont tenté d’exploiter à nos dépens notre action. »
Ce n’est pas un cas isolé. (...)