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Mediapart
Fusillade à Sydney : révélations sur les précédentes attaques antisémites en Australie
#Australie #Sidney #antisemitisme #attentats #Iran
Article mis en ligne le 15 décembre 2025
dernière modification le 14 décembre 2025

Les incendies criminels ayant ciblé des établissements et lieux de culte de la communauté juive depuis un an en Australie étaient tous l’œuvre des Gardiens de la révolution iraniens. Pour mener à bien leurs attaques, ils avaient employé des figures du crime organisé australien.

lIl est trop tôt pour désigner un commanditaire à la fusillade meurtrière qui a fait au moins douze morts, dont un assaillant, dimanche 14 décembre, sur la plage Bondi à Sydney (Australie). En revanche, le choix de la cible − une fête juive à l’occasion des célébrations de Hanoukka − ne laisse aucun doute sur le caractère antisémite de cette attaque. « C’est un acte maléfique, antisémite et terroriste qui a frappé le cœur de notre nation », a déclaré le premier ministre australien, Anthony Albanese.

Il s’agit d’une « tragédie, mais tout à fait prévisible », a également déploré auprès de l’Agence France-Presse (AFP) le chef de l’Association juive d’Australie, Robert Gregory, ajoutant que le gouvernement australien « a été averti à maintes reprises, mais n’a pas pris les mesures adéquates pour protéger la communauté juive ».

Robert Gregory fait allusion aux trois attaques antisémites ayant eu lieu à Melbourne et à Sydney, entre le 20 octobre 2024 et le 11 janvier 2025. Des incendies criminels avaient ciblé le café casher Lewis Continental Kitchen, déjà dans le quartier de Bondi, en banlieue de Sydney, la synagogue Adass Israël à Melbourne et la synagogue de Newton à Sydney.

À la suite de ces événements qui n’avaient pas fait de blessés, le gouvernement australien avait annoncé le 26 août expulser Ahmad Sadeghi, l’ambassadeur d’Iran à Canberra, accusant le pays d’être impliqué dans ces attaques. Les services de renseignement du pays étaient parvenus à une « conclusion profondément troublante » selon laquelle l’Iran aurait orchestré au moins deux attaques antisémites à la fin de 2024, avait alors déclaré le premier ministre australien, Anthony Albanese.

Selon les informations de Mediapart, les services de renseignement australiens ne se sont pas contentés d’une « conclusion profondément troublante ». Ils sont parvenus à matérialiser l’ensemble de la chaîne de commandement, depuis les donneurs d’ordre iraniens jusqu’aux équipes opérationnelles chargées d’exécuter les trois attaques (et non deux comme mentionné par le premier ministre Albanese).
L’œuvre de l’ « unité 11 000 »

Les services australiens ont attribué ces attaques au corps des Gardiens de la révolution. Cette milice paramilitaire est également un service de renseignement directement placé sous l’autorité du Guide suprême de la Révolution. Pour agir en Australie, l’unité 11 000 de la Force Al-Qods du corps des Gardiens de la révolution, supposée cibler l’Europe et les États-Unis, a engagé deux figures de la criminalité australienne. Zohair Hassib et Kazem Hamad. Le premier a piloté les incendies du Lewis Continental Kitchen et de la synagogue de Newtown. (...)

Des attaques se déroulant grâce à la mobilisation par les services iraniens de réseaux criminels placés sous leur protection en Iran, faisant à leur tour appel a des équipes opérationnelles évoluant dans le milieu du grand banditisme. Des exécutants, motivés par le seul appât du gain, permettant aux autorités iraniennes d’éviter le coût politique d’une éventuelle attribution.

Ce mode opératoire est désormais connu de nombre de services de renseignement occidentaux comme l’avait révélé l’an dernier une enquête de Mediapart et de l’EIC. (...)

Depuis l’attaque du Hamas le 7-Octobre, les projets d’action violente pilotés par les services de sécurité de la République islamique d’Iran et visant les intérêts de l’État hébreu et les membres de la communauté juive se sont multipliés en Occident, amenant les différents services de renseignement des pays européens et anglo-saxons à coopérer de plus en plus sur le sujet.

Ces mêmes services constatent avec une certaine inquiétude qu’ aux traditionnelles tentatives d’assassinats de personnalités emblématiques de la communauté juive, leurs homologues iraniens privilégient désormais des attaques contre des structures liées à la communauté juive, comme les lieux de culte ou de restauration, plus faciles à réaliser et plus difficiles à détecter. (...)

Le ministère iranien des affaires étrangères a réagi dimanche à la tuerie de la plage de Bondi. « Nous condamnons l’attaque violente à Sydney, en Australie. Le terrorisme et le meurtre d’êtres humains, où qu’ils soient commis, sont rejetés et condamnés », a écrit sur le réseau X le même Esmaeil Baghaei.