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France24
Fuite des plans de guerre américains sur Signal : “drôle si ce n’était pas aussi grave”
#USA #Trump #Musk
Article mis en ligne le 26 mars 2025

Les révélations, lundi, sur l’invitation par erreur d’un journaliste de The Atlantic dans un groupe de discussion entre les plus hauts responsables américains sur Signal ont déclenché un tollé. Au-delà de la bourde, le recours à cette messagerie pour y évoquer des plans secrets de frappes aériennes contre les Houthis au Yémen représente une menace pour la sécurité nationale américaine.

C’est devenu l’histoire de Jeffrey Goldberg et des 18 Pieds nickelés. Le rédacteur en chef du site The Atlantic a révélé, lundi 24 mars, avoir pu assister "par erreur" à une réunion "top secrète" sur la messagerie Signal de 18 responsables américains de premier plan concernant les bombardements américains au Yémen, avant même qu’ils aient lieu le 15 mars. Une révélation qui a suscité une onde de choc sécuritaire aux États-Unis, tandis que les appels à la démission se sont multipliés contre ces membres du gouvernement qualifiés "d’amateurs".

C’est, en effet, Michael Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, qui a ajouté - visiblement par erreur - Jeffrey Goldberg à un groupe sur Signal aux côtés des principaux poids lourds du gouvernement. Le vice-président JD Vance participait à cette conversation, tout comme Pete Hegseth, le ministre de la Défense, John Ratcliffe, le directeur de la CIA, ou encore Steve Witkoff, l’émissaire spécial du président américain pour le Moyen-Orient et l’Ukraine.

Parmi le gratin du gouvernement

Que du beau monde. Si Jeffrey Goldberg a été impressionné de se retrouver ainsi avec le gratin du gouvernement - alors que "jamais un journaliste n’avait été convié à ce type de réunion", souligne-t-il - il l’a probablement été tout autant par ce qu’il a pu y lire.

Pete Hegseth, l’ancien présentateur de Fox News devenu patron du Pentagone, a en effet partagé sur ce fil de discussion Signal le détail des plans pour bombarder les Houthis au Yémen. Il a spécifié quel type d’armes allait être utilisé, l’emplacement des cibles, ainsi que le déroulé précis des opérations.

Jeffrey Goldberg a également pu lire des échanges critiquant les Européens, qualifiés de "profiteurs pathétiques" de la puissance militaire américaine. (...)

Audace inédite : le vice-Président JD Vance s’est aussi permis de critiquer la position diplomatique adoptée par Donald Trump. "Je ne pense pas que le président est conscient à quel point c’est [la décision de frapper les Houthis, NDLR] incohérent avec sa position à l’égard de l’Europe", a-t-il regretté tout en affirmant qu’il accepterait de mettre ses critiques en sourdine. Autrement dit, JD Vance critique la décision de protéger le commerce maritime dans cette région - soi-disant pour protéger les intérêts commerciaux européens - alors même que Donald Trump a menacé à plusieurs reprises l’Europe de droits de douanes.

Jeffrey Goldberg n’en revenait pas d’avoir accès à ces échanges. À tel point qu’il a pensé être la victime d’une opération de désinformation. Mais lorsque les États-Unis ont effectivement bombardé les Houthis, à la manière décrite sur Signal, le doute n’était plus permis.

Des émojis plutôt que la sécurité nationale

Le journaliste s’est alors connecté au groupe pour y lire une avalanche de messages de congratulations, dignes d’échanges entre ados dopés aux émojis. (...)

"Ce serait comique, si ce n’était pas aussi inquiétant pour la sécurité nationale", affirme Dafydd Townley, spécialiste des questions de sécurité nationale à l’université de Portsmouth. (...)

Difficile cependant d’imaginer que dans l’Amérique trumpienne, ces responsables puissent être inquiétés, estime Dafydd Townley. Il faudrait qu’un juge fédéral - la plupart ont été nommés par Donald Trump - acceptent de se pencher sur l’affaire ou qu’une procédure d’impeachment (de mise en accusation) contre l’un des participants à cette conversation soit ouverte par le Congrès… dominé par les républicains.

"Il y aura peut-être un bouc émissaire qui sera renvoyé par Donald Trump", avance Dafydd Townley. Pour cet expert, Michael Waltz est la victime la plus probable car c’est lui qui a ajouté le journaliste à la conversation. Ce qui signifierait alors que le président sanctionne avant tout le fait d’avoir permis la "fuite" médiatique de cette conversation et non pas le fait qu’elle mette en danger la sécurité nationale américaine.