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Mediapart
Free party attaquée à Rennes : un influenceur d’extrême droite et ses sbires en roue libre
#extremedroite #violences #police
Article mis en ligne le 13 mars 2025
dernière modification le 12 mars 2025

Des agents de sécurité d’une discothèque rennaise, menés par Yovan Delourme, dit « Le Jarl », ont attaqué les participants d’une free party dans la nuit du 8 au 9 mars. Une plainte a été déposée. La députée LFI Marie Mesmeur a saisi le procureur. La maire socialiste Nathalie Appéré condamne des comportements « inacceptables ».

C’est ce qui s’appelle une réécriture très osée de l’histoire. Dimanche 9 mars, « Le Jarl » – pseudonyme de Yovan Delourme, un influenceur d’extrême droite de 49 ans qui a fait des questions de sécurité sa spécialité – était invité à commenter sur Europe 1 les violences survenues la nuit précédente devant la discothèque qu’il codirige, le 1988 Live Club à Rennes (Ille-et-Vilaine).

« Il n’y a pas eu de scènes de violence. S’il y avait eu des coups de donnés, les vidéos seraient déjà en ligne », a déclaré, sur l’antenne de Vincent Bolloré, cet ancien suppléant d’un candidat Reconquête aux législatives de 2022, au sujet des agissements de ses sept agents de sécurité.

Or, depuis plusieurs heures déjà, des vidéos sidérantes de l’évacuation d’une free party non autorisée, organisée ce soir-là dans un vieux cinéma désaffecté accolé à la discothèque, étaient diffusées sur les réseaux sociaux, démentant cette vision de la soirée. (...)

« C’était irrespirable, les gens s’asphyxiaient, il y a eu un très grand mouvement de foule et les gens se sont dirigés vers une porte ouverte par les videurs. Ils se sont retrouvés nez à nez avec eux et ils se sont fait lyncher », rapporte Gautier Langlois, à qui la scène a rappelé le matraquage des « gilets jaunes » par des CRS dans un Burger King à Paris, en 2018.

Lundi 10 mars, une des victimes a porté plainte contre X pour violence. (...)

Une autre victime – l’homme dont la tête a été frappée plusieurs fois contre le sol alors qu’il était immobilisé – est sortie de l’hôpital lundi après-midi. Joint par Mediapart, il affirme préférer ne pas porter plainte par crainte de la collusion entre les forces de l’ordre et Le Jarl.
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Le procureur de la République saisi

Dans la vidéo qu’il a relayée, Yovan Delourme s’adresse aux policiers en leur demandant de venir les « aider », en vain. Mais un communiqué de l’Union pirate accuse « la passivité de la police nationale et municipale, qui ont laissé des civils se faire agresser sous leurs yeux ». « Ils ne sont pas intervenus. Ce n’était pourtant pas compliqué. Quand Le Jarl leur a demandé de les aider, ils auraient pu lui dire d’arrêter. Ils ne l’ont jamais fait », rapporte Gautier Langlois.

Contactée par Mediapart, la préfecture d’Ille-et-Vilaine fait savoir que Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps) « a été saisi ». Le service d’information et de communication de la police nationale (Sicop) n’a pas répondu à nos questions.

Un enseignant en BTS de management de la sécurité, Mickaël Mingeau, juge de son côté sévèrement le comportement des agents de sécurité du Jarl sur son blog spécialisé. (...)

La députée La France insoumise (LFI) d’Ille-et-Vilaine, Marie Mesmeur, a saisi lundi le procureur de la République au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. L’élue pointe l’absence de tenues réglementaires des agents, l’absence de situation de légitime défense justifiant l’usage de gaz lacrymogène, des faits pouvant relever de violences volontaires aggravées ou encore la confiscation abusive de téléphones portables, en dehors du périmètre de l’établissement qui leur est confié. (...)

Dans un communiqué, la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, condamne à la fois des « violences de la part des auteurs de l’intrusion » sur la police nationale et les comportements « inacceptables » des agents de sécurité du 1988 Live Club. « Le maintien de l’ordre, dans notre État de droit, relève des forces de sécurité intérieure », rappelle l’édile, ajoutant avoir saisi les autorités pour qu’une enquête « permette de sanctionner les comportements délictueux ».

Yovan Delourme, aux 100 000 abonné·es sur Instagram et 130 000 sur TikTok, a participé fin décembre à une émission du vidéaste Vincent Lapierre, anciennement proche du polémiste antisémite Alain Soral, qui glorifiait sa « méthode ». (...)