
A la Une de la presse, les réactions à la décision du président Trump de bombarder l’Iran, qui jure de se venger.
Le Tehran Times assure que ses « missiles, ses unités de cyberguerre et ses alliés régionaux sont prêts » à répliquer, et que le pays va « probablement cibler les ressources économiques vitales et les atouts stratégiques de ceux qui ont permis la guerre ». Iran Daily cite les Gardiens de la révolution, qui assurent que le programme nucléaire national est « impérissable », et qu’il survivra aux attaques. Le site d’opposition Iranwire fait état de la fracture, en Iran, entre « les partisans de la ligne dure », qui appellent à la vengeance, et de « nombreux citoyens », qui accusent, eux, « la politique (nucléaire) de leur propre gouvernement d’avoir provoqué la guerre ».
Le régime, lui, est « dos au mur ». L’Orient Le Jour cite l’analyste iranien Karim Sadjadpour. Selon lui, « nombre des représailles de l’Iran (seraient) l’équivalent stratégique d’un attentat suicide, qu’il s’agisse de frapper des ambassades et des bases américaines, d’attaquer des installations pétrolières dans le golfe Persique, de miner le détroit d’Ormuz ou de lancer des missiles sur Israël ». « La République islamique serait-elle prête à capituler pour sauver son régime ? » : le journal libanais évoque aussi la possibilité, pour Téhéran, de « transformer le conflit en guerre d’usure ». « Une manière de gagner du temps, pour épuiser l’ennemi, mais surtout reformer son arsenal, sa capacité de dissuasion, voire préparer la transition en interne ».
Le Jerusalem Post applaudit la déclaration triomphaliste de la Maison-Blanche, sur le fait que « les frappes américaines historiques » auraient effacé le projet iranien d’arme nucléaire. Le très pro-Netanyahou Israel Hayom va jusqu’à soutenir que les frappes préventives de Trump sont « un grand service rendu à l’humanité » (...)
Une partie de la presse américaine est au diapason. The Wall Street Journal, quotidien conservateur, assure que Trump a bombardé l’Iran « pour épargner au monde un risque intolérable » (...)
Plus surprenant, The New York Times publie un point du vue sur l’initiative « courageuse et correcte » du patron de la Maison-Blanche - une décision « juste qui mérite le respect, quel que soit le sentiment qu’on porte au président, ou à ses politiques » par ailleurs. Le quotidien critique au passage celles et ceux qui reprochent à l’Administration Trump son refus de demander l’autorisation du Congrès pour attaquer l’Iran, en rappelant la « longue tradition bipartisane de présidents américains ayant pris des mesures militaires rapides sans demander l’autorisation du Congrès (...)
Et la revue Foreign Policy soutient qu’une guerre plus large avec l’Iran est peu probable, car le régime serait « trop faible » pour s’engager dans une escalade militaire ou se précipiter vers la bombe atomique.
Plusieurs éléments incitent toutefois la presse américaine à faire preuve de réserve. Le premier d’entre eux, évoqué par The New York Times, c’est que l’Administration Trump ignore ce qu’il est advenu des stocks d’uranium enrichi, supposés avoir été constitués par l’Iran. Politico relève, également, l’évolution du discours de Trump, qui parle maintenant de « changement de régime » - une formule qui « brouille le message » de son Administration, selon le site américain. Au-delà des propos, la façon de Trump de procéder à ces frappes, inquiète The Atlantic. (...)
Cette inquiétude domine les quotidiens de la région (...)
En France, Le Parisien/Aujourd’hui en France ne fait pas de place au doute : l’opération « Marteau de Minuit » « est un succès militaire fulgurant, (qui) met un terme (au) programme nucléaire » iranien (...)
Plus circonspect, Le Figaro s’inquiète de « l’engrenage que l’Administration Trump dit vouloir éviter », en n’exclut pas que « l’Iran (soit) prêt à aggraver son cas en cédant (au) réflexe » des représailles. Enfin Libération dénonce un projet américain « aux contours brumeux, accouché dans le vacarme des bombes (et) le silence du droit ». Le journal s’alarme particulièrement du « messianisme » des uns et des autres, qu’il s’agisse d’Israël, de l’Iran ou des Etats-UnisPlus circonspect, Le Figaro s’inquiète de « l’engrenage que l’Administration Trump dit vouloir éviter », en n’exclut pas que « l’Iran (soit) prêt à aggraver son cas en cédant (au) réflexe » des représailles.
Enfin Libération dénonce un projet américain « aux contours brumeux, accouché dans le vacarme des bombes (et) le silence du droit ». Le journal s’alarme particulièrement du « messianisme » des uns et des autres, qu’il s’agisse d’Israël, de l’Iran ou des Etats-Unis (...)
Lire aussi :
– (la Dépêche)
Frappes israéliennes en Iran : la fracture droite-gauche secoue le paysage politique français face à une crise
l’essentiel Les réactions politiques françaises aux frappes israéliennes en Iran révèlent une fracture nette entre droite et gauche, sur fond de tensions internationales et d’enjeux électoraux nationaux.
La ligne de fracture se situe à équidistance de la droite et de la gauche du paysage politique français. Depuis ce week-end, les prises de position vis-à-vis des frappes israéliennes en Iran sont en effet très clivées. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, a estimé que "l’urgence" était "d’arrêter Benyamin Netanyahou" et qu’"aucune opposition au régime de Téhéran ne justifie l’agression militaire de Netanyahou contre ce pays". La patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a elle aussi estimé qu’il "ne suffit pas d’appeler à la retenue. Il faut avec force dénoncer le choix de la force et rappeler, partout, qu’il n’y a jamais de solution militaire". De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a tweeté : "Je condamne l’attaque de l’Iran par Israël qui contribue à l’embrasement de la région. Depuis le 7 octobre 2023, il y a une forme d’emballement qui conduit aujourd’hui à un génocide à Gaza et, partout ailleurs, à ce que le feu l’emporte sur le reste. Ce que je cherche, c’est une paix durable. On ne construit pas la paix en semant partout le désordre".
Le RN soutient Israël
Aux antipodes, le Rassemblement national soutient les frappes israéliennes. (...)
La plupart des pays occidentaux qui condamnaient ces derniers jours le blocus imposé par Benjamin Netanyahou à Gaza soutiennent pourtant la position d’Israël face à l’Iran. Emmanuel Macron lui-même, en conflit très dur avec le Premier ministre israélien, a proposé l’aide de la France en cas d’attaque de l’Iran. Le Président a affirmé vendredi que l’Iran portait "une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région", et appelé à la "négociation" et à "la reprise du dialogue". François Bayrou, qui s’est exprimé hier depuis le salon du Bourget, a pour sa part assuré : "Israël a le droit de se défendre quand son existence est menacée", car "la menace iranienne sur Israël est immédiate et vitale". Il a également souligné le fait que ce conflit entre les deux pays pouvait avoir des "conséquences immenses partout sur tout le globe : sur l’économie du monde, de l’énergie et sur la situation sécuritaire".
Des enjeux nationaux
En revanche, la gauche française, elle, reste campée sur ses positions. Peu ou pas audible sur la scène internationale, elle s’adresse avant tout à un électorat national majoritairement critique vis-à-vis du Premier ministre israélien. (...)
– (Libération)
Frappes américaines en Iran : le tour du monde des réactions
Après les attaques américaines contre trois sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche, une grande partie de la communauté internationale appelle à une désescalade. (...)
Ceux qui condamnent fermement : Houthis, Hamas, Moscou… les alliés de l’Iran
Les rebelles houthis du Yemen ont dit considérer les frappes américaines comme « une déclaration de guerre » contre le peuple iranien ajoutant être prêts « à cibler les navires et les bâtiments américains en mer Rouge ». Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a condamné dimanche l’« agression criminelle » des Etats-Unis contre son allié iranien, dénonçant également une « dangereuse escalade ».
La Russie a fermement condamné dimanche les frappes américaines dénonçant des bombardements « irresponsables » contre son principal allié au Moyen-Orient. (...)
Ceux qui désapprouvent : ONU, Cuba, Pakistan, Oman, la Chine…
La plupart des pays se disent hostiles à cette attaque. « C’est une dangereuse escalade dans une région déjà sur la corde raide - et une menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde », a estimé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Du Venezuela au Pakistan en passant par Cuba, c’est un concert de désapprobations plus ou moins virulentes (...)
Le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé dimanche que Pékin « condamnait fermement » les frappes américaines sur les installations nucléaires en Iran, ajoutant qu’elles « conduisaient à une escalade des tensions au Moyen-Orient ». « La Chine appelle toutes les parties impliquées dans le conflit, et tout particulièrement Israël, à un cessez-le-feu aussi vite que possible », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Oman, qui joue le rôle de médiateur entre les Etats-Unis et l’Iran dans les discussions sur le nucléaire, a condamné « cette agression illégale » (...)
Au sein même des Etats-Unis, Donald Trump prête le flanc aux critiques. « Le président Trump a induit le pays en erreur sur ses intentions, il n’a pas cherché à obtenir l’autorisation du Congrès pour l’usage de la force militaire et risque d’engager les Américains dans une guerre potentiellement désastreuse au Moyen-Orient » a déclaré Hakeem Jeffries, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants.
Ceux qui soutiennent : Israël
Sans surprise, Israël est ravi de cette initiative américaine. (...)
Ceux qui appellent à des négociations : France, Allemagne, Grande-Bretagne, UE, Arabie saoudite…
Beaucoup d’acteurs lancent un appel à une désescalade et à une reprise des négociations. A commencer par la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas. « J’exhorte toutes les parties à faire un pas en arrière, à revenir à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaire », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. (...)
L’Allemagne a appelé l’Iran à reprendre les négociations « afin de parvenir à une solution diplomatique au conflit ». (...)
La France, par la voix du chef de la diplomatie, Jean-Noël s’est dite préoccupée par la situation, exhortant « les parties à la retenue pour éviter toute escalade susceptible de conduire à une extension du conflit ».
L’Arabie saoudite a également exprimé dimanche sa « grande préoccupation » après les frappes américaines. Le Japon, l’Italie, la Nouvelle-Zélande, le Mexique ou encore l’Australie appellent de leurs vœux une solution diplomatique.