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France : sur le littoral nord, les migrants "vivent dans une grande précarité et manquent de tout"
#Manche #migrants #immigration #Calais
Article mis en ligne le 26 novembre 2024
dernière modification le 24 novembre 2024

Des centaines de migrants vivent dans le camp de Loon-Plage, près de Dunkerque, en attendant de rejoindre l’Angleterre via la Manche. Ce lieu de vie informel est composé de dizaines de tentes disséminées dans les bosquets, au milieu de la boue et des détritus. Sans l’aide des associations, les exilés seraient totalement démunis. Reportage.

"Regardez autour de vous. C’est l’hiver dans le nord de la France et il y a peut-être 300 personnes qui sont forcées de vivre dans la forêt." Geoffrey est "en colère". A côté de ce Britannique de 44 ans, des centaines d’exilés occupent un terrain vague de Loon-Plage, près de Dunkerque, à la rencontre des associations venues en nombre ce mercredi 20 novembre. Selon certains humanitaires, ils seraient plutôt un millier à vivre dans le camp disséminé à quelques mètres d’ici, dans les bosquets. La plupart est originaire d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan ou d’Afrique de l’Est. Tous veulent traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni. (...)

"Je ne sais pas où je vais dormir ce soir"

Un peu plus loin, c’est la distribution de repas et de boissons chaudes, menée par l’association Care4Calais, qui rassemble aussi beaucoup de monde. En file indienne, les migrants patientent calmement pour obtenir un repas. Ceux qui essayent de passer devant les autres sont vite repérés par les bénévoles qui les renvoient vers la fin de la queue. (...)

Dans la foule, on croise des exilés pieds nus dans des claquettes à la recherche de chaussures fermées ; des hommes habillés légèrement qui se fournissent en vêtements chauds, gants ou en couverture derrière un camion de bénévoles qui déborde d’habits ; des migrants qui réchauffent leurs mains usées par le froid au-dessus d’un petit brasero qui s’éteint lentement, d’autres encore qui récupèrent des produits d’hygiène distribués par Médecins du Monde (MdM).

Adossé à une benne à ordures, Malik scrute le ballet des humanitaires. "Je suis arrivé tout à l’heure à Loon-Plage. Je ne sais pas où je vais dormir ce soir, je n’ai rien", souffle ce Sénégalais de 32 ans, visiblement perdu. Quelques minutes plus tard, on le retrouve en train d’errer dans la zone à la recherche d’une tente. (...)

Sans l’aide des associations, les migrants seraient totalement démunis. "On est face à des personnes qui vivent dans une grande précarité, et qui manquent de tout", déplore Diane Léon, coordinatrice de MdM sur le littoral nord. (...)

L’ONG médicale dispense aussi des consultations aux personnes malades ou blessées, et organisent des transferts vers les hôpitaux si besoin. "La grande majorité des pathologies qu’on rencontre sont liées aux conditions de vie à la rue : on soigne des problèmes dermatologiques, des plaies qui s’infectent, des blessures causées par des violences policières ou lors de tentative de traversée de la Manche", rapporte Diane Léon.

"Ce n’est pas un choix de vivre dans la boue" (...)

Régulièrement, les exilés doivent reconstruire leur campement installé en contrebas d’une voie rapide. Chaque semaine, la police démantèle le lieu de vie informel, confisque les tentes et les affaires des migrants. Et inlassablement, les camps se reforment dans la foulée. (...)

La faim, le froid, le manque d’hygiène, les altercations avec les forces de l’ordre… autant de facteurs qui peuvent engendrer des violences entre les différentes communautés. Le camp de Loon-Plage a été plusieurs fois le théâtre de coups de feu ou d’agressions par arme blanche ces dernières années.

"On parle de tensions sur le campement mais la violence est aussi, et surtout, institutionnelle", tient à nuancer Diane Léon, de MdM. "L’Etat adopte une position sécuritaire à un problème humanitaire. (...)