
« C’est un véritable coup de massue qui s’abat sur l’INSPE, ses personnels, la profession tout entière, mais aussi sur l’avenir de notre République laïque. » C’est ainsi que les opposants résument la situation face à la menace de la fin de la formation publique des enseignants à Vannes.
Le mercredi 1er octobre, une mobilisation s’est tenue devant l’INSPE de Vannes, à l’appel de la FSU et du SNUipp-FSU 56, pour protester contre la réforme qui menace la formation initiale des professeurs des écoles dans le Morbihan.
Une attaque contre la formation publique
Dans le contexte d’une réforme nationale, l’offre publique de formation des enseignants est menacée en Bretagne. Résultat : inégalité d’accès aux métiers de l’enseignement, des territoires abandonnés par le service public de formation des professeurs des écoles, quand une université privée catholique est maintenue . Cette dernière pourrait se voir attribuer la nouvelle LPE (Licence professorat des écoles). « Une seule LPE dans toute l’académie, et dans une structure privée confessionnelle : c’est un danger pour l’école publique en Bretagne », alerte la FSU-SNUipp 56.
Les formations publiques seraient redéployées sur les sites de Brest et Saint-Brieuc à titre expérimental. Le site de l’Inspe de Quimper est déjà promis à la fermeture, et celui de Vannes semble suivre le même chemin, bien qu’il reste pour l’instant ouvert physiquement. Mais sans accréditation pour la licence « Professeur des écoles » (LPE), le site perd toute sa substance en tant que lieu de formation initiale publique. (...)
La centralisation de l’offre publique dans quelques villes complique l’accès à la formation pour les étudiants des autres départements, notamment dans le Morbihan, où les frais de déplacement et d’hébergement deviennent un obstacle d’autant plus qu’1 étudiant sur 3 de l’INSPE de Vannes est boursier.
Par ailleurs, cette réforme aggrave les inégalités entre filières. Les étudiants inscrits en LPE dans des établissements privés, comme à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) à Arradon, pourraient accéder directement aux épreuves orales du concours, sans passer les épreuves écrites. Cette voie privilégiée serait réservée aux étudiants qui peuvent assumer des frais d’inscription de 3 300 à 6 600 € par an, renforçant la sélection sociale.
« Le service public incarne la laïcité, la gratuité et l’égalité. Le privé ne garantit rien de cela, tout en étant financé à 75 % par l’État », rappelle la FSU. Le syndicat pointe les sujets délicats sur le traitement de l’EVARS, de la laïcité au sein d’un enseignement confessionnel. Il exprime son inquiétude suite aux propos tenus par le secrétaire général de l’Enseignement catholique, notamment sur la prière en classe.
Une réforme budgétaire ou un choix politique ? (...)
« Le service public doit être maintenu et renforcé »
La FSU dénonce une logique à rebours des principes de la République : « il ne peut y avoir de complémentarité entre le public et le privé : le service public doit être maintenu et renforcé. D’autres choix sont possibles. »
Le syndicat insiste sur la nécessité d’une formation publique, laïque, et accessible partout en Bretagne, notamment dans un territoire comme le Morbihan. La rectrice de l’académie est attendue mardi sur le site de Vannes pour expliquer la réforme et les choix opérés.