Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
l’Avant-Garde
Européennes 2024 Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar
#electionseuropeennes #Glucksmann
Article mis en ligne le 5 février 2024
dernière modification le 4 février 2024

Alors que le PS vient de valider une fois de plus son investiture pour les Européennes, focus sur l’un des champions de la bourgeoisie progressiste de façade, mais foncièrement réactionnaire et belliqueuse, égérie de la gauche caviar, atlantiste et libéral.

(...) Glucksmann le va-t-en-guerre

Celui qui avait soutenu en 2003 l’intervention criminelle de Bush en Irak avant de souffler pendant près de quatre ans à l’oreille du dictateur géorgien Mikhaïl Saakachvili n’en démord pas aujourd’hui. Raphaël Glucksmann continue, alors que la menace d’une généralisation des conflits pèse sur le Proche-Orient comme sur l’Europe, de prêcher un discours résolument belliqueux, aux antipodes de la désescalade que tous les progressistes européens se devraient de porter aux élections de juin.

Au sujet de la situation coloniale en Palestine et de la réponse meurtrière d’Israël aux attentats du 7 octobre, Raphaël Glucksmann a voté à Strasbourg, où il siège depuis 2019 :

  • contre la qualification de “crimes de guerre” de la réponse armée d’Israël sur la bande de Gaza, ayant conduit à la mort de près de 26 000 Palestiniens, dont près de la moitié sont des enfants
  • contre la libération de 5 200 prisonniers politiques palestiniens, à commencer par 170 enfants placés en détention par Israël en dépit du droit international
  • contre l’utilisation de la notion d’apartheid pour qualifier la situation de ségrégation institutionnalisée que subissent les Palestiniens en Cisjordanie
  • contre le soutien à la procédure entamée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice, visant à faire cesser l’offensive israélienne
  • contre la condamnation de l’intervention américano-britannique au Yémen qui risque d’intensifier et de régionaliser le conflit.
    (...)

Raphaël Glucksmann souhaite enfin intégrer l’Ukraine ainsi que d’autres pays (notamment la Moldavie et la Géorgie) à l’Union européenne, risquant dès lors d’intensifier encore davantage les tensions avec la Russie, en plus de laisser envisager une catastrophe pour l’industrie française ayant déjà souffert de précédents élargissements (comme l’intégration de la Bulgarie en 2007, où le salaire minimum est de 332 € par mois). (...)

Raphaël Glucksmann est un fervent défenseur du “saut fédéral” européen. Il est donc partisan de la disparition progressive de notre souveraineté nationale au profit de Bruxelles et de sa doxa néolibérale, doxa qui tend à détruire toujours plus l’État social, comme elle a par exemple coulé notre fret ferroviaire cet été, à imposer l’union douanière, responsable de la fuite de notre industrie et du chômage de masse, et qui assomme notre économie avec ses règles budgétaires depuis Maastricht.

Raphaël Glucksmann, dont Xavier Niel, fondateur de Free, prédit déjà un bon score aux élections de juin, n’hésite pas à inciter les opposants à l’élargissement de l’Union européenne, notamment à l’Ukraine, à voter pour Jordan Bardella. C’est un jeu dangereux auquel il s’adonne, participant à banaliser un Rassemblement National affiché favori par plusieurs sondages.

Il est nécessaire de rappeler que le salaire minimum en Ukraine est inférieur à 200 € par mois, que son intégration conduirait dès lors à une explosion du dumping social et des délocalisations, que l’agriculture ukrainienne capterait près de 25 % du montant actuel de la PAC (Politique agricole commune), à l’heure même où nos agriculteurs réclament la possibilité de pouvoir vivre de leur travail. (...)

Lire aussi :

 (Huffington Post)
Européennes : Glucksmann peut compter sur le soutien de Bové, après celui de Cohn-Bendit

(...) « La campagne du parti macroniste a commencé avec la nomination de Gabriel Attal (comme Premier ministre, ndlr). Ils vont essayer d’installer le match Attal-Bardella, mais nous ne les laisserons pas kidnapper l’élection européenne », affirme dans son texte l’élu très populaire sur les réseaux sociaux, crédité aujourd’hui de 9 à 10 % d’intentions de vote dans les sondages. Soit davantage que la liste écologiste menée par Marie Toussaint.

Pour sa campagne, Raphaël Glucksmann promet de défendre une transition écologique comme « véhicule pour reprendre en main notre destin face à la globalisation dérégulée », un « protectionnisme écologique aux frontières européennes » et « un saut fédéral de l’Union » pour qu’elle devienne « une puissance politique et budgétaire » et puisse « lever de l’impôt » voire « mettre en place une taxe sur les plus hauts patrimoines »

 (Club de Mediapart/François Ruffin)
Cher Raphaël Glucksmann

(...) Parce que, avec sincérité, sans agressivité, vos propos, ces derniers temps, me paraissent pour de bon hors sol, déconnectés, sans ancrage. Je n’y retrouve plus rien du « retour sur soi-même », mais au contraire tout – pardonnez ma franchise – d’une élite qui avance, avec arrogance et inconscience. C’est un chemin inquiétant pour la gauche, même pour le centre-gauche. C’est un grand bond en arrière, comme si les vingt dernières années n’avaient pas compté. Comme si des secousses majeures, le « non » au référendum de 2005, le mouvement des gilets jaunes, voire les manifestations contre la retraite Macron, n’avaient pas existé. Comme si, politiquement, les élections de 2017 et de 2022 n’avaient pas acté, dans les urnes, les ruptures à gauche. Comme si les Le Pen, père et fille, n’avaient pas prospéré sur le désarroi, sur l’industrie qui fuit, mais aussi sur une « démocratie » sans démos, contre le démos. Comme si on repartait pour un tour, avec une « social-démocratie » à la papa, teintée d’écologie, vieille politique avec un nouveau visage. Comme si vous renonciez à parler à la Picardie. Comme si vous leur tourniez le dos aux Annie et compagnie, et même : comme si vous les renvoyiez au pire. (...)

Nous avons déjà donné, en vies brisées, en salariés licenciés.

Et à eux, vous faites la leçon. Eux, vous les poussez dans les bras du RN, bravo ! Chapeau ! Je fais de mon mieux, moi, je me bagarre, pour les ramener à gauche, eux, dont les parents, les grands-parents, ont voté socialiste, communiste, et vous leur dites, vous : « Partez ! La gauche vous emmerde ! Allez voir Bardella ! » Merci pour le service.

Aucun retour sur vous-même, ici, au contraire, vous incarnez pleinement votre classe. Qui sait pour tous, mieux que tous. (...)

Enfin, dans quel esprit je vous écris tout ça ? Je ne veux pas d’un retour des « deux gauches irréconciliables ». Ce serait la certitude de la défaite, la voie ouverte au pire.

Car, oui, je vois se dessiner le tableau. Une partition même où chacun joue son solo, se tourne le dos : une gauche radicale qui fait tout pour effrayer, et un centre-gauche tout pour désespérer. Une gauche radicale qui n’assume pas sa nouvelle centralité, qui ne s’élargit pas, qui ne grandit pas. Un centre-gauche qui revient en arrière, qui revient sur les ruptures, nécessaires, avec le triptyque concurrence-croissance-mondialisation. (...)