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Éric Naulleau dans « C médiatique » : de complaisance en légitimation
#medias #Bolloré #extremedroite
Article mis en ligne le 12 avril 2025
dernière modification le 10 avril 2025

Le 6 avril, c’est au terme d’une séquence renversante de « décryptage » des éléments de langage du RN après la condamnation judiciaire de Marine Le Pen – les reproduisant en réalité les uns après les autres, du fait de l’absence totale de contradiction après leur diffusion – que la brillante équipe de « C médiatique » (France 5) introduit son « invité du jour » : Éric Naulleau. Un « polémiste provocateur, essayiste, fan de culture et de rock », lançait vaillamment la présentatrice Mélanie Taravant lors du sommaire, disposée à tous les euphémismes pour ne pas employer les termes qui s’imposent à l’égard de ce compagnon de route de l’extrême droite, préférant évoquer une « grande gueule du PAF » ou encore un « critique littéraire, éditeur, essayiste, chroniqueur, avec des prises de position toujours très tranchées ».

Comme le résumait Blast dans un portrait aux petits oignons, la carrière d’Éric Naulleau parle pourtant pour elle, depuis sa franche amitié avec Éric Zemmour et la co-écriture d’un livre avec l’antisémite Alain Soral, jusqu’à des contributions dans « l’ensemble des médias les plus réactionnaires, voire franchement d’extrême droite » (...)

« Est-ce que vous vous sentez encore de gauche ? »

Mais ces faits d’arme ont de toute évidence un goût de trop peu pour les journalistes de « C médiatique ». Au prix de moult contorsions, le chroniqueur François Saltiel – également producteur et animateur sur France Culture – entretient ainsi le confusionnisme ambiant :

François Saltiel : Vous partez sur C8, dans la galaxie un petit peu Bolloré, avec Cyril Hanouna, où vous êtes chroniqueur, puis joker, puis vous avez vos émissions ; vous signez aussi dans le JDD qui appartient au même groupe. Et puis c’est là où, peut-être, certaines personnes ont un peu eu du mal à vous suivre, parce que c’est un peu confus finalement d’être de gauche et d’officier comme ça sur le groupe Bolloré. Vous le comprenez, justement, ce côté un peu illisible que vous pouvez donner à certaines personnes ? Est-ce que vous vous sentez encore de gauche ?

KO debout, Éric Naulleau a dès lors toute latitude pour se revendiquer sans ciller – et comme il en a l’habitude – d’« une gauche sociale, laïque, universaliste, antitotalitaire, donc tout le contraire de la gauche qui a pignon sur rue », sans rencontrer d’autre embûche que la timidité du producteur de France Culture (...)

Quand la dépolitisation le dispute à la bienséance attendue du microcosme médiatique, il devient en effet « compliqué » d’affronter l’extrême droite, comme le démontre (à nouveau) quelques minutes plus tard François Saltiel lors de son « interview cash ». Florilège : (...)

Entre-soi, dépolitisation, médiocrité… Au mépris des faits, dûment étayés par moult travaux en science politique – et par la critique des médias –, France 5 laisse triompher l’opinion, prospérer le commentariat au doigt mouillé et ce faisant, sert la soupe à l’extrême droite. « C médiatique » n’est pas « CNews ». Mais comme ailleurs dans les médias dominants, c’est à force d’indigence et de petites lâchetés (accumulées) qu’on y fait la grande banalisation de l’extrême droite.