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Mediapart
Entre Total et l’université de Strasbourg, un financement opaque de plusieurs millions d’euros
#Total #recherche #universite #Strasbourg
Article mis en ligne le 27 décembre 2024
dernière modification le 25 décembre 2024

Le collectif Scientifiques en rébellion tente d’obtenir des informations sur l’influence de l’entreprise Total à l’université de Strasbourg par l’intermédiaire de ses dons. Ces jeunes doctorants ont pu compiler de premiers chiffres mais l’institution rechigne à communiquer.

« L’entreprise Total est un désastre pour l’écologie, introduit Maxime Precheur, doctorant en physique à l’université de Strasbourg (Unistra). Leur implication dans le dérèglement climatique est énorme. Ils ont longtemps nié les faits. Maintenant, Total se présente comme un sauveur en finançant des recherches. Ils peuvent décider des axes d’études. »

Maxime Precheur fait partie des membres de Scientifiques en rébellion Strasbourg, un collectif créé en février 2024. Il s’intéresse notamment à l’influence de cette multinationale sur l’enseignement et la recherche. En épluchant les rapports d’activité des différentes fondations de l’université de Strasbourg, le collectif a compté 7,2 millions d’euros donnés par Total depuis 2014, avec des réductions d’impôts dans le cadre du mécénat.

Par exemple, dans le rapport d’activité 2019, on apprend que Total a versé 2,5 millions d’euros pour l’école universitaire de la chimie des systèmes complexes : « Ce don historique pour l’université de Strasbourg, via la Fondation pour la recherche en chimie, représente un partenariat majeur à long terme du groupe Total avec le meilleur campus de chimie français, pour explorer des sujets de recherche autour des axes stratégiques de recherche et développement du groupe. » (...)

Doctorants en lutte pour la transparence

La majorité des membres de Scientifiques en rébellion font aussi partie de la Fédération de la recherche en environnement et en durabilité de l’université de Strasbourg (Fered). Celle-ci a organisé une journée doctorale de l’environnement le 10 décembre « sur la remise en question de l’influence des entreprises fossiles sur l’enseignement et la recherche ». (...)

« Des groupes peuvent tenter d’utiliser nos travaux, de les orienter, pour leurs intérêts. Pourtant, nous sommes censés assurer une mission de service public. Les citoyens ont le droit de savoir comment fonctionne la recherche. L’opacité contribue au manque de confiance de la population envers la science. »

Ainsi, avec l’appui d’Acadamia, les doctorants ont demandé fin juin « les conventions des partenariats entre Total et l’université et entre Total et les fondations qui recueillent les dons pour l’université », relate Maxime Precheur. Le but étant d’avoir notamment accès aux termes des contrats, afin de savoir quels sont, précisément, les accords entre l’Unistra et Total.
L’Unistra tarde à envoyer les documents (...)

Dépendance de l’Unistra aux industriels

« Dans un premier temps, on s’est intéressé à Total, mais ce n’est pas le seul groupe problématique, remarque Maxime Precheur. Avec le temps, nous allons élargir notre champ d’action. » À titre d’illustration, l’entreprise de construction Vinci a signé des conventions de mécénat avec la Fondation de l’université de Strasbourg. Ce groupe impliqué dans des aménagements décriés par les écologistes a attribué 850 000 euros depuis 2012 à des études liées à la vigilance et à la conduite. (...)

À l’heure où l’enseignement supérieur et la recherche souffrent de coupes budgétaires, ce qui permet aux intérêts privés d’étendre leur emprise sur ce secteur, l’Unistra sera contrainte de trouver de nouvelles sources de financement si elle souhaite s’affranchir des industries fossiles. Ou alors militer pour un retour des investissements publics, qui restent une solution évidente pour éviter la dépendance aux entreprises.