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En Allemagne, le nombre de bénévoles pour aider les migrants reste stable
#Allemagne #migrants #immigration #solidarités
Article mis en ligne le 21 décembre 2025
dernière modification le 19 décembre 2025

InfoMigrants analyse l’évolution de l’engagement de la population allemande en faveur de l’aide aux migrants, aux demandeurs d’asile et aux réfugiés au cours des dix dernières années. L’article se penche aussi sur le lien qui est régulièrement fait en Allemagne entre migration et criminalité.

Pendant la décennie écoulée, une série d’événements marquants ont influencé la manière dont la population en Allemagne est disposée à aider et soutenir les migrants arrivant dans le pays. Ces événement vont de l’arrivée de plus d’un million de personnes à partir de 2015, aux agressions contre des centaines de femmes à Cologne dans la nuit du Nouvel An 2015/2016 et l’arrivée de centaines de milliers de personnes fuyant la guerre en Ukraine.

La perception de l’immigration s’est également jouée dans la couverture médiatique des crimes commis par des migrants.

La police fédérale allemande (BKA) a ainsi publié récemment ses statistiques sur la criminalité des migrants pour 2024.

Selon ces données, qui se basent sur des personnes accusées d’avoir commis un délit ou un crime, sur les 1,967 million de suspects connus en 2024, 172 203 étaient des demandeurs d’asile, des personnes ayant obtenu un statut de protection ou autres droits de séjours temporaires en Allemagne, ou encore des personnes sans papiers se trouvant dans le pays.

Ce groupe représente 8,8 % du nombre total de suspects, soit presque la même part qu’en 2023.
Ce que disent les chiffres de la police allemande

Selon les données du BKA, l’Allemagne compte environ 3 millions de migrants avec un droit de séjour temporaire.

La population allemande s’élève actuellement à près de 83,6 millions d’habitants. Si l’on inclut dans les données les personnes bénéficiant d’un droit de séjour de longue durée ou permanent, qui ont immigré à un moment donné en Allemagne, alors environ un tiers de tous les suspects n’étaient pas des citoyens allemands.

Selon le BKA, ce groupe représente environ 15 % de la population.

Les autres deux tiers des suspects sont des ressortissants de nationalité allemande. (...)

Il y a dix ans, de nombreux citoyens allemands semblaient espérer que leur pays, relativement riche et stable, situé au cœur de l’Europe, pourrait accueillir et aider plus d’un million de demandeurs d’asile, principalement en provenance de Syrie.

Mais l’optimisme a rapidement fané, malgré l’assurance d’Angela Merkel, la chancelière de l’époque, qui déclarait "Wir schaffen das" (Nous pouvons y arriver) face au grand nombre d’arrivées.
Il y a dix ans, les agressions sexuelles à Cologne

Lors du réveillon du 31 décembre 2015, des centaines de femmes ont été agressées sexuellement devant la gare centrale de Cologne. La plupart de ces agressions ont été perpétrées par des personnes d’origine nord-africaine ou de confession musulmane, dont beaucoup étaient récemment arrivées en Allemagne pour y demander l’asile.

Selon les dernières statistiques, les migrants sont surreprésentés parmi les personnes accusées de crimes sexuels, explique l’agence KNA. Cela semble s’expliquer essentiellement par le fait que la majorité des personnes arrivées en Allemagne sont en grande partie des hommes jeunes, qui sont la catégorie la plus susceptible de commettre ce type d’agressions, quelle que soit leur origine.

Après cette soirée du Nouvel An, les comités d’accueil qui avaient pris leur quartier dans les gares, tout comme les dons et les volontaires donnant des cours d’allemand ont commencé à être moins nombreux. (...)

Mais l’engagement en faveur de l’aide aux nouveaux arrivants en Allemagne reste difficile à mesurer avec précision, note Marc Helbling, sociologue spécialisé dans les questions de migration et d’intégration.

"On ne peut vraiment s’engager que lorsqu’on en a l’occasion", explique-t-il. La volonté d’aider a donc été particulièrement élevée à l’automne 2015, lorsque des centaines de milliers de migrants sont arrivés en Allemagne pour, dans la plupart des cas, demander une protection.

Selon Marc Helbling, le niveau de bénévolat dépend de la façon dont on perçoit la migration en général. Des événements tels que les agressions à la gare de Cologne, les attaques au couteau ou le terrorisme peuvent avoir une influence à court terme sur le niveau d’engagement, estime le sociologue, mais ils ne changent pas nécessairement l’attitude générale de la population.

Par exemple, les bénévoles d’organisations comme l’ONG d’aide humanitaire chrétienne Johanniter, ont déclaré à la KNA qu’ils n’avaient constaté qu’un très léger changement dans la volonté d’aider après les événements du Nouvel An de Cologne. (...)

Courant 2016, Anne Ernst avait certes remarqué une baisse de l’engagement bénévole, mais elle estime que c’est habituel après des événements majeurs, qu’il s’agisse de crises ou de catastrophes naturelles. Le même phénomène a été observé par exemple à la suite des inondations meurtrières dans l’ouest de l’Allemagne en 2021 ou l’arrivée de personnes fuyant l’Ukraine en 2022. (...)

Aussi, de nombreux migrants eux-mêmes commencent à se porter volontaires pour aider d’autres personnes arrivées après eux en Allemagne. (...)

Selon le sociologue Marc Helbling, d’après des recherches, "certains groupes bénéficient de plus d’attention que d’autres. C’est notamment le cas s’ils sont originaires d’Europe, chrétiens, des femmes et ont un niveau d’éducation élevé". Ce groupe représente actuellement une grande partie des personnes venues d’Ukraine. (...)

Christian Walburg souligne par ailleurs que de nombreux migrants et réfugiés ne disposent pas encore de réseaux solides en Allemagne. Il rappelle que la prise en charge psychologique doit être améliorée pour des personnes ayant souvent été victimes de traumatismes et de violences, soit dans leur pays d’origine, soit au cours de leur périple.

Enfin, estime le criminologue, "nous devons davantage concentrer nos efforts sur les crèches et les écoles, afin de garantir que les choses se passent mieux pour la deuxième génération" et que ces jeunes rencontrent moins de difficultés que leurs parents.