(...) les jours de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, entre Derby et Nottingham, la dernière à utiliser du charbon au Royaume-Uni, sont comptés : le vénérable établissement, inauguré en 1967, mettra la clé sous la porte le 30 septembre, sonnant le glas du combustible dans la production électrique du pays.
"Ca va être très étrange parce qu’elle a toujours été là", témoigne David Reynolds, un retraité de 74 ans qui a vu la centrale se construire sous ses yeux quand il était enfant. (...)
"Great Smog"
L’histoire du Royaume-Uni est intimement liée à celle du charbon, qui a contribué à son essor économique au XIXème siècle et jusqu’aux années 1990. (...)
Cette énergie extrêmement polluante -le "Great Smog" londonien de 1952 et ses milliers de morts restent d’ailleurs gravés dans la mémoire britannique- représentait encore près de 70% de l’électricité dans les années 1980. Avant une baisse spectaculaire : 38% en 2013, 5% en 2018 et 1% l’an passé, selon l’institut Our World in Data.
La fermeture de Ratcliffe-on-Soar est une étape symbolique dans l’ambition de Londres de décarboner totalement son électricité d’ici 2030, puis d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Un horizon 2030 "très ambitieux", reconnaît Jess Ralston, du groupe de réflexion Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU). Mais la fin du charbon permet déjà d’envoyer "un message très fort" aux autres pays.
Car le Royaume-Uni est le premier pays du G7 à faire sans le combustible : l’Italie s’est fixé 2025, la France 2027, le Canada 2030, l’Allemagne 2038. Le Japon et les Etats-Unis n’ont pas de date précise. (...)
Pour se défaire du combustible, les Britanniques ont compensé avec le gaz naturel, un peu moins polluant, qui représente en 2023 un tiers de l’électricité. Un quart revient à l’éolien, une proportion notable. Le nucléaire est à environ 13%.
Ce succès s’explique par "une combinaison de facteurs économiques et de réglementations", détaille Jess Ralston. D’une part, la fin de l’économie manufacturière a fait perdre au charbon de son importance.
D’autre part, les centrales électriques "ont été soumises à des réglementations en raison du dioxyde de soufre, des oxydes d’azote et de toutes (leurs) émissions", poursuit l’analyste.
Au bout du compte, "il n’était plus économiquement intéressant d’investir" dans cette énergie, contrairement aux renouvelables. (...)
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– (Alternatives Economiques)
Désindustrialisation : les cicatrices du charbon
Une étude montre que le choc économique produit par la fermeture massive des mines de charbon au Royaume-Uni a eu des effets de long terme sur la santé et le destin social des personnes concernées et de leurs enfants.
Le charbon est resté la première source d’énergie du Royaume-Uni jusqu’aux années 1980. Mais cela faisait déjà quelques décennies que sa part ne cessait de décliner.
A la fin des années 1950, les mines employaient plus de 700 000 personnes. Dès la fin des années 1960, ce chiffre avait été divisé par deux. Les puits de charbon ont été fermés les uns après les autres par grandes vagues, jusqu’à leur disparition quasi complète dans les années 1990.
Comment cette désindustrialisation massive a affecté la vie des gens, se sont demandé deux chercheurs ? (...)