
À l’issue des élections européennes qui se sont tenues du 6 au 9 juin, la France n’est pas la seule concernée par la percée des partis d’extrême droite. Dans plusieurs grands pays européens, les formations nationalistes et eurosceptiques progressent, mais il y a aussi quelques trublions. Tour d’horizon.
En Allemagne, un vote sanction pour Olaf Scholtz
En Allemagne, jamais les sociaux-démocrates n’ont obtenu un score aussi faible depuis l’après-guerre au niveau national. Pourtant, Olaf Scholz figurait sur de nombreuses affiches du SPD. Cet échec - 14 % - est donc aussi celui du chancelier. Les responsables du parti, amers, veulent pourtant éviter les règlements de compte. Plus largement, la coalition au pouvoir, très impopulaire, est sanctionnée. Les Verts, qui avaient obtenu un score historique aux dernières européennes de 2019, perdent 40 % de leurs électeurs. Les libéraux restent stables. La coalition de Scholz, fragilisée et déchirée, doit encore tenir 15 mois, signale notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut.
Les chrétiens-démocrates arrivent loin en tête avec 30 % des suffrages et rassemblent presque autant de voix que les trois partis au pouvoir. Le secrétaire général de la CDU estimait hier soir qu’Olaf Scholz n’avait plus la légitimité nécessaire pour gouverner le pays et devait poser la question de confiance.
L’extrême-droite n’atteint pas le score attendu au début de l’année mais passe de 11 à 15% en un an, malgré affaires et scandales durant la campagne. Le parti arrive en tête dans l’Est du pays où l’on vote dans trois régions en septembre un et espère maintenir cette pole position d’ici là.
En Autriche, l’extrême-droite vise désormais les législatives de septembre (...)
Le parti d’extrême droite n’a eu de cesse, durant la campagne, de blâmer et critiquer l’Union européenne dès qu’il le pouvait.
C’est ce discours qui a convaincu les électeurs selon Harald Vilimsky, tête de liste du FPÖ, qui veut voir dans les résultats de ce dimanche le premier succès d’une longue série. (...)
Pays baltes : les forces politiques traditionnelles en tête
Pas de grande surprise dans les pays baltes quant au résultat du scrutin européen : à eux trois, ils cumulent 27 sièges de députés. Les forces politiques traditionnelles ont remporté le scrutin, rapporte notre correspondante régionale, Marielle Vitureau. La faible participation, surtout en Lituanie avec 28 %, a été la grande surprise de ce scrutin.
Les trois pays baltes enverront en majorité des conservateurs et des sociaux-démocrates au Parlement européen, tous des députés avec une longue expérience de Bruxelles et de Strasbourg. Pas de percée de partis situés très à droite, ni de partis ouvertement pro-russes. Le Parti progressiste arrivé depuis peu sur la scène politique lettone fait son entrée au parlement européen. Les Lettons envoient aussi Reinis Poznaks, Européen de l’année en 2022. Cet entrepreneur a organisé un convoi de véhicules pour l’Ukraine via le réseau Twitter. En Lituanie, un des 11 députés sera Petras Grazulis. Cet homme politique a été destitué il y a un an pour avoir voté à la place d’autres députés et est ainsi devenu inéligible pour dix ans, sans pour autant être empêché d’être élu européen. (...)
Conservateurs et socialistes au coude à coude en Espagne (...)
Surprise de ce scrutin, une nouvelle formation antiparti dénommée « la fête est finie », fait son entrée au Parlement européen avec trois sièges, signale notre correspondante à Madrid, Diane Cambon.
Ce n’est donc ni une hécatombe pour la gauche, ni non plus une victoire écrasante pour les conservateurs, comme le prévoyait le leader de la droite, Alberto Feijoo. Le vote sanction contre le gouvernement de Pedro Sanchez n’a certes pas eu lieu, mais il ne fait pas de doute que la droite espagnole reprend du terrain (...)
Pour Pedro Sanchez, ce résultat risque de fragiliser un peu plus sa législature déjà instable notamment à cause de ses alliés catalans, lesquels doivent former prochainement un gouvernement régional. Toutefois, il est peu probable que le leader de la gauche annonce des élections législatives anticipées comme le souhaite la droite, même s’il devra plus que jamais jouer les équilibristes durant le reste de son mandat.
Victoire socialiste au Portugal
Au Portugal, le parti socialiste a remporté l’élection européenne avec 32,1 % des voix devant l’Alliance démocratique (AD) du gouvernement avec 31,12 %. Fait important du scrutin, le recul du parti d’extrême droite Chega qui fait malgré tout son entrée au Parlement avec deux députés. Il avait prédit un raz de marée, mais il devra se contenter d’une entrée au Parlement européen avec 2 députés. (...)
A noter enfin l’entrée également au Parlement européen, des ultra libéraux avec 2 députés. L’abstention a atteint 62, 4 %
La Scandinavie à contre-courant du reste du continent
La Suède, le Danemark et la Finlande n’envoient que 49 députés sur les 720 que compte le Parlement Européen. Mais contrairement au reste du continent, plus de la moitié de leurs élus rejoindront les bancs de la gauche dans l’hémicycle à Strasbourg. C’est la grande surprise de ces élections européennes dans les pays nordiques et l’extrême droite (qui pourtant est au pouvoir en Finlande et en Suède) enregistre ses premières défaites, signale notre correspondante régionale, Carlotta Morteo.
L’explosion de joie des militants écologistes a sans doute marqué la soirée électorale en Suède. (...)
Chez le voisin finlandais, c’est carrément la déroute : le parti xénophobe des Vrais Finlandais, qui fait partie de la coalition de droite au pouvoir, a perdu la moitié de ses électeurs, et arrive en 6ème place tandis que l’Alliance de gauche crée la surprise en arrivant 2ème, devant le parti socialiste, avec 17,3 % des suffrages.
Au Danemark, la grande coalition centriste de la Première ministre Mette Frederiksen a été sanctionnée par l’électorat de gauche : les rouge-verts, sous la bannière du Parti populaire socialiste, sont devenus la première force politique du pays, c’est inédit.
Recul du Fidesz en Hongrie
En Hongrie, Le Fidesz, le parti de droite radicale du premier ministre nationaliste Viktor Orban, arrive en tête de ces Européennes, mais il enregistre un net recul, rapporte Florence Labruyère, notre corerespondante à Budapest. (...)
C’est l’entrée fracassante de Peter Magyar sur la scène politique qui a changé la donne. Cet ancien haut-fonctionnaire, qui a lancé un parti il y a trois mois, a raflé 30 % des votes ! Peter Magyar a surtout pris des voix à l’opposition de gauche. Mais il a aussi siphonné des électeurs de droite, déçus par le gouvernement. C’est donc un coup de tonnerre dans le ciel serein de Viktor Orban. Qui a peut-être du souci à se faire pour les prochaines élections au parlement hongrois qui seront dans deux ans.
Geert Wilders battu aux Pays-Bas (...)
L’alliance de la gauche et des écologistes remportent les élections européennes aux Pays-Bas. Le PVV est deuxième. Le parti xénophobe et eurosceptique de Geert Wilders fait moins bien que prévu, signale notre envoyé spécial à La Haye, Julien Chavanne. (...)
L’alliance de la gauche et des écologistes remportent les élections européennes aux Pays-Bas. Le PVV est deuxième. Le parti xénophobe et eurosceptique de Geert Wilders fait moins bien que prévu, signale notre envoyé spécial à La Haye, Julien Chavanne. (...)
On est donc loin du raz-de-marée espéré par l’extrême-droite. Première raison : les voix ont manqué, quasiment la moitié de l’électorat du PVV n’est pas allée aux urnes. Et la gauche a plus résisté que prévu.