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France24/AFP
Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal opposant à Erdogan, a été arrêté
#Turquie #dictature
Article mis en ligne le 20 mars 2025

Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et figure d’opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé mercredi matin à son domicile. Il est accusé de "soutien à une organisation terroriste", selon le ministre de la Justice. Plusieurs dizaines de ses collaborateurs, d’élus et de membres de son parti sont également sous le coup de mandats d’arrêt.

L’opération, qui a visé plus d’une centaine de ses collaborateurs et d’élus et membres du CHP, première force d’opposition, s’ajoute à une vague de répression qui a frappé tous azimuts ces derniers mois l’opposition, les milieux prokurdes, la presse et même des artistes.

Populaire et charismatique, Ekrem Imamoglu croule sous les procédures judiciaires lancées contre lui par le procureur d’Istanbul. Il est poursuivi cette fois pour "corruption" et "soutien à une organisation terroriste", a confirmé le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç.

L’édile, à la tête de la mégapole turque de 16 millions d’habitants depuis 2019, a passé la journée au siège de la police d’Istanbul, près duquel ont convergé des centaines de ses partisans.

La plupart se dirigeaient en fin de journée vers la municipalité aux cris de "Gouvernement, démission" et "Imamoglu, tu n’es pas seul !", pour rejoindre un grand rassemblement convoqué par le CHP.

Le président du CHP, Özgür Özel, a dénoncé "un coup d’État contre le prochain président" de la Turquie : "La liberté de la nation d’élire Ekrem Imamoglu a été confisquée", a-t-il accusé. "Mais vous ne pouvez pas arrêter la marche du maire", a-t-il asséné. (...)

Son arrestation a provoqué une chute immédiate de la livre turque qui a atteint le record de 40 livres pour un dollar et de 42 livres pour un euro, obligeant la Banque centrale à intervenir pour freiner le plongeon. La Bourse d’Istanbul a également dévissé et terminé la journée en baisse de 8,72 %. (...)

Tous les rassemblements et manifestations ont été interdits jusqu’à dimanche par le gouverneur d’Istanbul et des barrières ont été érigées autour des lieux symboliques comme l’emblématique place Taksim, haut lieu traditionnel des manifestations.

Les autorités ont également restreint l’accès aux réseaux sociaux et à certains sites Internet. (...)

Pour Soner Cagaptay, du Washington Institute, Recep Tayyip Erdogan "pensait sûrement qu’après cette étape, Imamoglu serait devenu inarrêtable".

Ekrem Imamoglu est devenu la bête noire du chef de l’État, lui-même ancien maire d’Istanbul dans les années 1990, quand il a ravi en 2019 la capitale économique de la Turquie au parti AKP du président. Il avait été réélu triomphalement en mars 2024.

L’université d’Istanbul avait annulé mardi son diplôme, ajoutant un obstacle supplémentaire à son éventuelle candidature. L’édile avait dénoncé une décision "illégale" et annoncé son intention de la contester en justice, estimant que le conseil d’administration de l’université stambouliote n’était pas habilité à agir ainsi. (...)

En vertu de la Constitution, un diplôme de l’enseignement supérieur est exigé pour toute candidature aux fonctions de chef de l’État. "Les droits acquis de chacun dans ce pays sont menacés", avait-il accusé.

Ekrem Imamoglu, qui sera remplacé le temps de sa garde à vue par le vice-président du conseil municipal d’Istanbul, Nuri Aslan, est visé par cinq autres procédures judiciaires, dont deux ont été ouvertes en janvier. En 2023, il avait déjà été empêché de facto de se présenter à la présidence en raison d’une condamnation en suspens pour "insulte" à des responsables du comité électoral turc.