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Eau polluée, bêtes malades : les appétits nucléaires français inquiètent les Mongols
#nucleaire #uranium #Mongolie #pollution
Article mis en ligne le 24 octobre 2023
dernière modification le 23 octobre 2023

En quête de nouveaux gisements d’uranium, la France entend exploiter une nouvelle mine en Mongolie. Mais les peuples nomades s’insurgent contre cette industrie très polluante.

« Le peuple mongol a très peur. Nous comprenons le besoin d’électricité du peuple français, mais nous sommes vraiment malheureux que le gouvernement mongol nous ait vendu à la France. » Depuis sa province de Dornogobi, Khukhuu Budee, 59 ans, président de l’association Eviin huch eh nutgiin toloo qui lutte contre l’exploitation de l’uranium, ne mâche pas ses mots. Alors que la France a signé un accord pour l’exploitation de la plus grande mine d’uranium du monde en Mongolie, il veut « établir la vérité » sur les « énormes dégâts » que les riverains attribuent à Orano depuis que le groupe s’est implanté sur le territoire en 2012 : « Moutons, chèvres, chevaux qui naissent handicapés, eau souterraine polluée, femmes qui font des fausses couches. »

Le 12 octobre, à l’occasion de la visite du président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh en France, Orano et le gouvernement mongol ont signé un protocole d’accord pour l’exploitation de la mine de Zuuvch Ovoo, dans la province de Dornogobi dans le sud-est du pays. Un accord d’investissement formel est attendu d’ici la fin de l’année. L’aboutissement d’un exercice diplomatique de plusieurs mois : Emmanuel Macron a été le premier président français à fouler le sol mongol en mai dernier, suivi par la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna en juin.

Orano est présent depuis plus de vingt-cinq ans en Mongolie. (...)

La dernière mine d’uranium française a fermé en 2001 et les quelque 7 000 tonnes d’uranium naturel consommées chaque année dans l’Hexagone proviennent essentiellement du Niger, du Canada, du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Alors que l’ONG Greenpeace dénonce régulièrement les liens de la France avec des pays satellites russes en pleine guerre en Ukraine, et que le coup d’État au Niger a entraîné l’arrêt de l’usine de concentré d’uranium de la Somaïr, il devenait urgent de diversifier les sources d’approvisionnement.

« L’eau du désert de Gobi est devenue polluée, imbuvable » (...)

La mine de Zuuvch Ovoo pourrait être exploitée pendant trente ans. Une perspective qui inquiète les populations nomades alentour, éleveurs de moutons, chèvres, chevaux, chameaux et vaches, déjà échaudées par les explorations et les tests conduits par Badrakh Energy depuis dix ans. L’association Eviin huch eh nutgiin toloo accuse Orano d’avoir pollué l’eau de la province. Elle a porté plainte en 2016 au tribunal administratif d’Oulan-Bator contre le gouvernement mongol, dans l’espoir que soient retirées les licences d’exploitation de Badrakh Energy (...)

Arsenic, thorium, plomb...Arsenic, thorium, plomb... (...)

la Mongolie n’en a pas fini avec les pollutions liées à l’industrie extractive. D’autant que la France lorgne sur une autre ressource souterraine mongole, le lithium. (...)