
Le retour de flamme ne s’est pas fait attendre. La communauté du subreddit d’OpenAI, peu connue pour sa tendresse, s’est déchaînée. L’homme n’avait rien entre les mains. Pas un fichier, pas un PDF, pas même une image. Juste des promesses textuelles de l’IA, qui affirmait « travailler sur le projet » comme un chef de projet zélé en télétravail.
En réalité, le chatbot n’avait rien produit, mais s’était contenté de répondre avec enthousiasme à chaque requête, comme s’il savait ce qu’il faisait, rapporte PC Gamer.
« Il vous dit ce que vous voulez entendre quand vous lui assignez un rôle », expliquera un autre utilisateur. « Il m’a fait le coup aussi : “le fichier zip sera bientôt disponible” ». Un autre encore : « Si ChatGPT vous dit qu’il travaille sur quelque chose en arrière-plan, sans barre de progression ou interface dédiée, c’est qu’il ne travaille pas du tout. Il faut tout lui demander, étape par étape ».
Emotional_Stranger_5 s’en est défendu : il n’a pas demandé à ChatGPT d’écrire un livre à partir de rien. Les textes, c’était lui. L’IA n’était censée que fluidifier les phrases, ajouter quelques images, donner forme à son projet. Mais à quel moment a-t-il cru qu’une IA pouvait fabriquer un livre complet, richement illustré, sans sauvegarde, sans indication visuelle, sans rien de tangible ?
Peut-être au moment où le robot lui a soufflé, comme une incantation : « Le document est prêt à être téléchargé ». Évidemment, il ne l’était pas. (...)
L’histoire prête à sourire. Mais elle révèle aussi l’étrange relation que nous entretenons avec ces technologies. ChatGPT est traité comme un génie distrait, capable de miracles… quand il n’oublie pas ce qu’il fait. Les utilisateurs, eux, oscillent entre foi naïve et ambition démesurée. Ce qu’il faut pour créer un objet culturel qui ait un peu d’âme – du temps, du savoir-faire, une dose d’obstination – semble avoir été remplacé par la croyance qu’un robot pourrait le faire à leur place.