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Dubaï : inondations mortelles et désinformation massive
#inondations #Dubai #desinformation #inegalites #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 28 avril 2024
dernière modification le 26 avril 2024

Les 14 et 15 avril 2024, des régions entières de la péninsule arabique ont été touchées par des précipitations extrêmes. Il est tombé plus de 14cm de pluie à Dubaï en 24h, l’équivalent d’une année et demie de précipitations ; ce qui constitue la plus forte chute de pluie dans les Emirats arabes unis depuis le début des relevés en 1949.

D’après le World Weather Attribution, ces pluies ont provoqué la mort d’au moins 19 personnes à Oman, dont dix enfants morts lorsqu’un bus scolaire a été emporté par les eaux. Aux Émirats arabes unis, quatre personnes sont mortes dans des voitures emportées par les eaux. Dans ces deux pays, les précipitations ont causé d’énormes dégâts aux bâtiments et aux voitures, des pannes d’électricité et des inondations.

(...) la désinformation terrible qui a suivi cet évènement, avec des milliers de trolls (et quelques “experts médiatiques”) qui ont profité de l’occasion pour parler d’ensemencement des nuages, qui aurait été la cause principale de ces précipitations.

Que dit le rapport du World Weather Attribution sur les inondations à Dubaï ? (...)

une étude rapide du WWA nous dit que les fortes précipitations des années El Niño, comme celles qui ont frappé les Émirats arabes unis et Oman la semaine dernière, sont devenues de 10 à 40 % plus importantes. (...)

Les observations indiquent également qu’El Niño joue un rôle important dans la probabilité d’épisodes de fortes pluies dans cette partie du monde. (...)

Bien que les chercheurs n’aient pas pu déterminer avec précision la part de l’augmentation due au changement climatique causé par l’homme, ils estiment que le réchauffement, causé par la combustion de fossiles, est l’explication la plus probable de l’augmentation des précipitations. (...)

Dès que les inondations ont eu lieu à Dubaï, des milliers de comptes ont tout de suite déclaré que cela n’avait rien à voir avec le changement climatique mais plutôt du “cloud seeding”, l’ensemencement des nuages.

Il existe en effet un programme d’ensemencement des nuages dans les Émirats arabes unis qui vise à améliorer les précipitations provenant des nuages chauds en les ensemençant avec des particules suffisamment grandes pour activer le processus de collision-coalescence (Bruintjes et al, 2012), ainsi qu’en utilisant des charges électriques pour tenter d’améliorer ce processus.

Dans ce cas précis, le Centre national de météorologie des Émirats arabes unis, qui supervise les opérations du pays, a indiqué qu’aucune mission d’ensemencement des nuages n’avait été effectuée pour lutter contre la tempête. Et compte tenu de la taille massive du système orageux, nous aurions eu des précipitations extrêmes indépendamment de l’influence éventuelle de l’ensemencement des nuages.

La conclusion du WWA est très claire :

Enfin, l’ensemencement des nuages n’a pas été mis en œuvre dans le cadre de cet événement et, en outre, même en cas de mise en œuvre, il n’a aucune influence sur la quantité d’humidité atmosphérique disponible, qui a été la principale variable anormale précédant l’épisode de précipitations. Nous pouvons donc conclure que l’ensemencement des nuages n’a pas eu d’influence significative sur l’événement.

Trolls et experts médiatiques (...)

Le plus inquiétant est en revanche la vitesse et la force avec laquelle s’est propagée la désinformation. Nous ne sommes qu’au début de l’ère de la désinformation de masse sur le climat, comme l’évoque le chercheur David Chavalarias (...)

La ville de Dubaï n’est pas prête au changement climatique (...)

Inégalités face au changement climatique, y compris dans une même ville (...)

La prolifération de surfaces imperméables en béton et l’insuffisance des infrastructures de drainage amplifient les inondations en cas de fortes pluies, une vulnérabilité aggravée par la concentration de grands bâtiments dans les zones urbaines.

Rappelons enfin que les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes qui s’occupent d’enfants, les minorités raciales et ethniques, les travailleurs migrants et les personnes à faible revenu sont particulièrement vulnérables face aux risques d’inondation et que les pertes matérielles et humaines sont probablement sous-estimées.

Cela pourrait-il servir d’avertissement aux Émirats arabes unis afin qu’ils réduisent leur production et exportation de pétrole ? Compte tenu de la présidence de la COP28 et de ses déclarations, il est permis d’en douter.