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« Des ados se font gazer » : en Guyane, les Amérindiens combattent une centrale électrique
#Guyane #amérindiens #ecologie
Article mis en ligne le 29 septembre 2023
dernière modification le 28 septembre 2023

En Guyane française, les peuples autochtones tentent de freiner le chantier d’une centrale électrique. Gendarmes, quads, lacrymos... Les jeunes militants sont fortement réprimés.

(...) Porté par la société bordelaise Hydrogène de France, le projet de la Ceog doit combiner sur un site de 140 hectares production d’électricité provenant d’un parc photovoltaïque et stockage de l’énergie grâce à l’hydrogène. Sa capacité de 120 mégawatts doit permettre d’alimenter jusqu’à 10 000 foyers de l’ouest guyanais dès sa mise en service en 2026. (...)

Un projet à 90 millions d’euros sur vingt-cinq ans présenté comme parfaitement écolo, donc… à la nuance près qu’il doit conduire à la déforestation de 78 hectares de forêt équatoriale dans l’enceinte du Parc naturel régional.

Chaque jour, des jeunes « essaient d’empêcher la déforestation »

16 hectares de forêt ont déjà été défrichés. Les travaux ont repris le 16 août, dans un contexte d’extrême tension. Dès le premier jour, une cinquantaine de gendarmes étaient postés à l’intérieur et aux abords du chantier. (...)

Depuis le début de la mobilisation, une petite dizaine de personnes ont été arrêtées. Le 24 octobre 2022, le chef coutumier du village, le Yopoto Roland Sjabere, avait été placé en garde à vue ainsi que trois autres habitants (...)

Ce combat de David contre Goliath éreinte les habitants. Avec la reprise de l’école et du travail, ils sont moins disponibles pour occuper le terrain. Le 25 septembre, ils ont essuyé un lourd revers. Malgré plusieurs jours d’opposition physique et de sabotage d’un petit pont, les machines ont réussi à traverser la rivière et ont commencé à défricher la zone nord, jusqu’à présent indemne. (...)

La lutte se déploie aussi sur d’autres fronts, plus institutionnels. (...)

Vingt-cinq familles ont porté plainte pour nuisance au voisinage, en témoignant des nuisances qu’elles subissent : bruit, survol de drones de surveillance. Un autre recours concerne la non-présentation d’une dérogation pour la destruction d’espèces protégées, puisque le site abrite des yapocks, un opossum aquatique très rare, ainsi que des batraciens et des reptiles protégés au niveau européen. (...)

Mais là encore, les espoirs sont minces. (...)

Pourtant, les habitants ne sont pas hostiles au projet de centrale. Ils demandent simplement son déplacement en dehors de leur lieu de vie. Las, ils peinent à mobiliser pour leur cause. (...)