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Mediapart
Derrière la promesse de l’hydrogène vert, des tensions sur la ressource
#hydrogene #energie #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 13 février 2024

La ruée vers ce nouveau carburant de la « transition énergétique » bat son plein mais sa production par électrolyse de l’eau pose d’importants défis environnementaux. La course est lancée pour concevoir des électrolyseurs avec la plus faible empreinte possible.

(...) Dans la croûte terrestre, l’écorce de notre planète, il est en quantité très limitée. Loin, très loin derrière l’oxygène et le silicium, qui en constituent respectivement près de la moitié et plus du quart.

S’il se fait plutôt rare dans le monde minéral – tout comme dans l’atmosphère –, tout le vivant ici-bas en est au contraire composé. Y compris les êtres humains : environ deux tiers des atomes qui parsèment notre corps, c’est lui. Même l’eau, c’est encore lui. Son nom, d’ailleurs, vient de sa faculté à former cette molécule essentielle à la vie. Lui ? c’est l’hydrogène – du grec húdôr (« eau ») et gennan (« qui génère »). (...)

Depuis quelques années, tout le monde, ou presque, le cherche. Ou plutôt lui court après. Pourquoi ? parce qu’il pourrait bien participer à ce que les politiques, et les industriels avec eux, appellent « la transition énergétique », expression de plus en plus critiquée aujourd’hui. Il permettrait de produire de l’électricité sans avoir – massivement – recours aux énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz). Autrement dit, avec une faible empreinte climatique.

Longtemps considéré comme une curiosité géologique, l’hydrogène dit « natif », c’est-à-dire présent naturellement dans l’environnement, suscite depuis le tournant des années 2020 l’appétit de quelques industriels et investisseurs. (...)

L’hydrogène naturel est donc loin d’être la solution miracle à la transition énergétique. D’autant plus que son exploitation, si elle a lieu un jour, générera inévitablement son lot d’émissions de gaz à effet de serre.

Alors, pourquoi ne pas le produire nous-mêmes, cet hydrogène dont on aurait tant besoin de nos jours ? (...)

Problème : depuis son industrialisation, au XIXe siècle et tout particulièrement au XXe siècle, la production d’hydrogène est étroitement dépendante des énergies fossiles.

Impact climatique lourd (...)

Quoi qu’il en soit, « l’énergie propre, abondante et gratuite n’existe pas », rappelle Philippe Bihouix, « parce qu’il est toujours nécessaire d’effectuer des transformations physiques. Même si la source était abondante et gratuite, il faudrait toujours construire, installer et maintenir des dispositifs pour capter, convertir, stocker, transporter et utiliser l’énergie, des dispositifs qui ont des impacts directs et indirects sur l’environnement et le climat ». Et l’ingénieur de citer le biologiste américain Barry Commoner : « Il n’y a pas de repas gratuit. »