
L’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre a pour conséquence le gel de la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, seule à même de permettre la mise en place d’un corridor économique reliant la région à l’Europe via les ports israéliens d’Ashkelon et Haïfa. Une voie nécessaire pour ne plus dépendre des combustibles fossiles russes. Pour cela, l’enclave palestinienne doit être sous contrôle.
La scène se passe lors du sommet du G20 qui se tenait à New Delhi, en Inde, les 9 et 10 septembre derniers. Sourire aux lèvres, le premier ministre indien, Narendra Modi, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annoncent le lancement d’un nouveau projet que le président des États-Unis, Joe Biden, salue comme « a really big deal » (une très grosse affaire).
Ce projet, appelé « Partenariat pour l’investissement mondial dans les infrastructures », pourrait, selon ses concepteurs, accélérer de 40 % les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Europe et contribuer à normaliser les relations entre Israël et les États du Golfe, ce qui est une des conditions essentielles à sa réalisation. C’est aussi un projet concurrent de celui des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative) que veut établir la Chine. Pékin tente de relier l’Asie de l’Est et le Moyen-Orient à la mer Méditerranée à travers les terres iraniennes, irakiennes et jusqu’aux ports syriens.
« Un investissement qui change la donne »
L’attaque meurtrière du Hamas, le 7 octobre, quels qu’en soient la finalité et les motifs, a donné un coup d’arrêt à ce partenariat envisagé. La normalisation en cours entre Israël et l’Arabie saoudite, de loin la plus importante, est au point mort et la question de la Palestine, reléguée ces dernières années dans les coulisses de l’histoire, se retrouve sur le devant de la scène, au grand dam de Benyamin Netanyahou, totalement investi dans le projet.
Dès lors, l’initiative publiquement annoncée lors du sommet du G20 éclaire d’un nouveau jour la séquence actuelle, le déchaînement israélien contre la bande de Gaza et l’étonnant soutien des pays européens à cet acharnement, le silence ou l’action timide des pays arabes.
Le plan, aux retombées géopolitiques et géo-économiques sans précédent, soutenu par les États-Unis et l’Union européenne (UE), vise à construire un corridor économique reliant l’Inde, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), la Jordanie, Israël et l’UE par le biais de ports maritimes et de voies ferroviaires, dans le but de rendre le commerce plus rapide et moins cher et, comme il est officiellement énoncé, de stimuler la coopération économique et la connectivité numérique dans la région. (...)
« Ce projet n’est pas seulement une amélioration logistique, c’est une affirmation profonde de l’intention d’Israël de devenir le pivot du commerce maritime mondial », soulignait le site d’information Eurasianews.com, le 7 novembre.
On comprend mieux l’importance stratégique de la bande de Gaza pour la réalisation du canal Ben-Gourion. La jonction aurait alors lieu avec le grand port israélien d’Haïfa, plus au nord, sans aucune concurrence en Méditerranée orientale : le port de Beyrouth, au Liban, a été détruit il y a trois ans et celui de Lattaquié, en Syrie, est régulièrement bombardé par Israël. Tant d’un point de vue sécuritaire que logistique (pour l’extension de ce terminal pétrolier), le nord de la bande de Gaza – au minimum – ne doit représenter aucun danger.
Quelle meilleure option pour cela qu’un territoire vidé de ses habitants ? D’autant qu’il existe d’importants gisements gaziers au large de Gaza. En juin dernier, Benyamin Netanyahou avait annoncé qu’il entendait en accélérer l’exploitation « dans le cadre des accords existants entre Israël, l’Égypte et l’Autorité palestinienne ».
Alors que des négociations secrètes étaient en cours entre Israël et l’Autorité palestinienne, le Hamas avait déclaré qu’il ne permettrait pas aux Israéliens d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties.
L’acharnement israélien contre l’enclave palestinienne, rendu possible par l’attaque meurtrière du Hamas, pourrait bien trouver sa source dans ces projets énergétiques aux investissements colossaux. Les pays du Golfe, les États-Unis et l’Union européenne, qui ne font pas le moindre geste pour contraindre Israël à un cessez-le-feu, en sont parties prenantes. La vie des Palestiniens se jauge à l’aune des pipelines.
Lire aussi :
– Courrier International (5 mai 2023)
Israël et l’Autorité palestinienne négocient l’exploitation d’un champ gazier au large de Gaza
(...) L’État hébreu et l’Autorité palestinienne ont repris leurs discussions sur l’exploitation du camp Gaza Marine, situé au large des côtés de l’enclave palestinienne, dont les Palestiniens pourraient profiter. L’Égypte pourrait jouer un rôle pivot.
L’Égypte en médiatrice ?
En réalité, les “discussions secrètes” révélées par Channel 13 autour du champ gazier au large de Gaza ne sont pas nouvelles. L’année dernière, Israël, l’Autorité palestinienne et l’Égypte, habituel médiateur entre les deux parties, avaient échoué à se mettre d’accord. Parmi les questions en suspens, celle du positionnement du Hamas palestinien, rival d’Israël et du Fatah, qui contrôle l’AP, explique la chaîne israélienne.
Comme Israël considère que l’AP n’a pas les moyens d’exploiter ce champ, il était question qu’une société égyptienne chapeaute le projet en distribuant 55 % des bénéfices à l’Autorité palestinienne et 45 % à la compagnie égyptienne. C’est sans doute autour d’une solution similaire que les discussions ont repris.
Ces dernières années, d’importants gisements de gaz et de pétrole ont été repérés dans les eaux territoriales des pays bordant la Méditerranée orientale, de la Turquie à Israël, en passant par le Liban et Chypre, qui espèrent pouvoir exploiter pleinement cette ressource. La Palestine aimerait bien rejoindre ce club.
– CBC.ca (traduction DeepL.com/Translator) Novembre 2023
Un document du gouvernement israélien suggérant le déplacement massif des 2,3 millions d’habitants de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï alimente les craintes d’un éventuel nettoyage ethnique des Palestiniens. Le document divulgué, dont les médias israéliens ont fait état pour la première fois, a été compilé par une agence de recherche du gouvernement israélien, connue sous le nom de ministère du Renseignement, et est daté du 13 octobre - six jours après que le Hamas a mené des attaques meurtrières contre Israël et que le gouvernement israélien a déclaré la guerre au groupe militant palestinien, qui contrôle Gaza.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une politique contraignante, il a renforcé les craintes égyptiennes de longue date qu’Israël veuille faire de Gaza le problème de l’Égypte et a ravivé les souvenirs des Palestiniens concernant le déplacement de centaines de milliers de personnes qui ont fui ou ont été forcées de quitter leurs maisons pendant les combats qui ont entouré la création d’Israël en 1948, ce que les Palestiniens appellent la Nakba, le mot arabe pour catastrophe.
"Ce qui s’est passé en 1948 ne pourra pas se reproduire", a déclaré à l’Associated Press Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a ajouté qu’un déplacement massif de Palestiniens équivaudrait à "déclarer une nouvelle guerre".
Un plan à long terme Une traduction hébreu-anglais du document, publiée par le site web israélien +972 Magazine, présente trois options concernant la population civile de Gaza. La première consisterait à laisser les civils à Gaza sous la direction de l’Autorité palestinienne - qui a été éjectée de Gaza après une guerre d’une semaine en 2007 qui a mis le Hamas au pouvoir - tandis que la deuxième suggère de tenter d’établir "une direction politique arabe locale non islamiste" pour gouverner la population. Aucune de ces options n’a été considérée comme une stratégie réalisable pour créer un changement idéologique et dissuader un futur militantisme contre Israël.
La troisième option, l’évacuation des civils de Gaza vers le Sinaï, "produirait des résultats stratégiques positifs à long terme pour Israël", indique le document. La proposition n’indique pas qu’il s’agirait d’une relocalisation temporaire : "Dans un premier temps, des villages de tentes seront établis dans la région du Sinaï", lit-on dans le document. "L’étape suivante comprend la création d’une zone humanitaire pour aider la population civile de Gaza et la construction de villes dans une zone de réinstallation dans le nord du Sinaï.
Sentiment croissant à l’égard de Gaza
Un plan à long terme Une traduction hébreu-anglais du document, publiée par le site web israélien +972 Magazine, présente trois options concernant la population civile de Gaza. La première consisterait à laisser les civils à Gaza sous la direction de l’Autorité palestinienne - qui a été éjectée de Gaza après une guerre d’une semaine en 2007 qui a mis le Hamas au pouvoir - tandis que la deuxième suggère de tenter d’établir "une direction politique arabe locale non islamiste" pour gouverner la population. Aucune de ces options n’a été considérée comme une stratégie réalisable pour créer un changement idéologique et dissuader un futur militantisme contre Israël.
La troisième option, l’évacuation des civils de Gaza vers le Sinaï, "produirait des résultats stratégiques positifs à long terme pour Israël", indique le document. La proposition n’indique pas qu’il s’agirait d’une relocalisation temporaire : "Dans un premier temps, des villages de tentes seront établis dans la région du Sinaï", lit-on dans le document. "L’étape suivante comprend la création d’une zone humanitaire pour aider la population civile de Gaza et la construction de villes dans une zone de réinstallation dans le nord du Sinaï.
– (L’Orient le Jour) octobre 2022
23 ans après sa découverte, le gaz palestinien sur le point d’être exploité ?
L’Égypte, Israël et l’Autorité palestinienne se sont mis d’accord sur l’exploitation du gaz offshore situé au large de la bande de Gaza, a affirmé le 18 octobre la société de radiodiffusion publique israélienne.
« Un don de Dieu à notre pays », s’était réjoui Yasser Arafat en 2000 à propos de la découverte de champs de gaz offshore dans les eaux territoriales palestiniennes l’année précédente. Or, deux décennies plus tard, les Palestiniens n’ont pas encore bénéficié de cette offrande et la population abonnée aux coupures d’électricité attend toujours de recouvrer son autonomie énergétique.
Le champ gazier nommé « Gaza marine » et situé à 36 km à l’ouest de Gaza a d’abord été exploré et développé par la société British Gas, avant d’être cédé en 2016 au néerlandais Shell, qui l’avait à son tour délaissé en 2018. Ses réserves sont estimées à 32 milliards de mètres cubes de gaz naturel, auxquels s’ajoute un plus petit champ contenant 3 milliards de mètres cubes, situé près de la délimitation des eaux territoriales palestiniennes et israéliennes.
Au moment où les pénuries de gaz liées à la guerre en Ukraine entraînent une véritable course au gaz naturel, le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a annoncé que les négociations entre le Fonds d’investissement palestinien (FIP) et la Compagnie gazière publique égyptienne (EGAS) étaient en bonne marche (...)
Déjà, en 2021, l’Autorité palestinienne avait signé un protocole de coopération avec l’Égypte pour développer le champ gazier et les infrastructures nécessaires à son exploitation. Mais le feu vert d’Israël était nécessaire. De source officielle palestinienne interrogée par le site d’information Middle East Eye, l’accord israélien est préliminaire et un accord final ne pourra pas avoir lieu avant la formation du futur gouvernement, au lendemain des élections législatives du 1er novembre.
Jusqu’à présent, Israël a tout fait pour empêcher les Palestiniens de bénéficier de cette manne énergétique, rappelle Viktor Kattan, directeur de recherche au centre palestinien al-Shabaka, qui se demandait dans un article publié en 2012 si le gaz offshore était « un don ou une malédiction ». Selon ses informations, c’est la volonté d’Israël d’obtenir le gaz palestinien à prix cassé (2 dollars le pied cube au lieu du prix du marché situé entre 5 et 7 dollars) qui a empêché sa production par British Gas. Au même moment, les Gazaouis vivent avec des coupures d’électricité de 18 heures par jour et les Palestiniens de Cisjordanie payent la leur au prix fort à Israël.
Depuis, les nombreux épisodes d’affrontement entre Israël et le Hamas, au pouvoir depuis 2006 dans la bande de Gaza, n’ont cessé de détériorer les infrastructures énergétiques de l’enclave palestinienne, dont les quelque deux millions d’habitants sont les premières victimes du blocus imposé depuis 2007 par Israël, avec l’appui de l’Égypte. De nombreux observateurs soulignent le refus d’Israël que la manne gazière profite au Hamas, sans se soucier de la punition collective qu’une telle position provoque. (...)
Selon les estimations de l’économiste palestinien Samir Hulileh, les revenus annuels du champ pourraient s’élever à entre 700 et 800 millions de dollars par an.
– (Middle Est Eye) octobre 2015
Chronologie : pourquoi le gisement Gaza Marine n’a-t-il pas produit de gaz ?