
L’Angola connaît ses pires violences depuis plusieurs années, en raison de la décision du gouvernement d’augmenter les prix des carburants fortement subventionnés. Depuis lundi, au moins 22 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées dans de violentes manifestations.
Vingt-deux personnes ont été tuées en Angola depuis lundi 28 juillet dans de violentes manifestations pour protester contre la hausse des prix des carburants et accompagnées de nombreux pillages de magasins d’alimentation.
La décision du gouvernement début juillet d’augmenter les prix des carburants fortement subventionnés de 300 à 400 kwanzas par litre (de 0,28 à 0,38 euros) a provoqué un vif mécontentement dans le pays d’Afrique australe, deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria, mais où de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté.
Des coups de feu ont retenti par intermittence à Luanda et dans plusieurs autres villes, où des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Il s’agit des pires violences enregistrées dans le pays depuis plusieurs années, selon les autorités.
Ce sont dans un premier temps des organisations de la société civile qui ont appelé à manifester le samedi, depuis trois semaines. Puis, l’association des taxis du pays a décrété une grève de trois jours qui a débuté lundi : la situation a dégénéré lundi et mardi en pillages généralisés.
Pillages
"Nous déplorons 22 morts, dont un policier", a déclaré à la presse le ministre de l’Intérieur Manuel Homem à l’issue d’un conseil des ministres présidé par le chef de l’État João Lourenço. Le ministre a également fait état de 197 blessés.
Des supermarchés et des entrepôts ont été visés par les émeutiers, qui ont emporté vivres et marchandises, causant des dégâts dans 66 magasins, selon lui. Il a aussi précisé que plus de 1 200 personnes avaient été arrêtées. La police avait fait état mardi soir d’un bilan de quatre morts et indiqué avoir arrêté "1 214 suspects".
Mercredi, de nombreux magasins et agences bancaires étaient fermées à Luanda, où des patrouilles des forces de sécurité étaient visibles, ont constaté des correspondants de l’AFP. Le calme était revenu, mais la tension restait palpable. (...)
Dans ce pays lusophone d’une trentaine de millions d’habitants, l’inflation est très élevée et a approché les 20 % en juin, tandis que le taux de chômage a atteint presque 30 %, selon l’autorité nationale des statistiques.
À l’intérieur du pays aussi
Les troubles de lundi et mardi se sont étendus à l’intérieur du pays. Un journaliste de la ville de Huambo, située à environ 600 kilomètres de Luanda, y a rapporté des pillages et des émeutes. Des manifestations et des violences ont également été signalés, selon des images sur les réseaux sociaux, dans la ville côtière de Benguela, à environ 600 kilomètres au sud de Luanda, où la police a été déployée.
L’association ANATA, représentant les chauffeurs de taxi, a pris ses distances avec les violences, mais a confirmé la poursuite de la grève décrétée pour trois jours.
Le gouvernement s’est justifié en affirmant que la baisse des subventions aux carburants devait permettre de financer la santé et l’éducation, selon les recommandations du Fonds monétaire international.
Dans un communiqué publié mercredi, les partis d’opposition UNITA et Bloco Democrático ont déclaré que le pays traversait une "grave crise économique et sociale", due à des politiques "déconnectées de la réalité du pays".
Des ONG, dont Amnesty International, ont accusé la police d’avoir utilisé une force excessive contre les manifestants. (...)