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De la bande de Gaza à celle de Charline : l’espace d’un prépuce
#medias #Franceinter #libertedelapresse #censure #extremedroite #Macronie
Article mis en ligne le 5 mai 2024
dernière modification le 4 mai 2024

C’est une expérience étrange de de commencer à regarder la série “La fièvre” et l’après-midi même de se fracasser sur le réel qu’elle décrit. Je parle ici de la meute de racistes décérébrés à laquelle doit faire face la journaliste Nassira El Moaddem après qu’elle a été désignée par un député du RN, dans le cadre d’une émission diffusée sur une chaîne d’extrême-droite, et que la séquence a été reprise et instrumentalisée par l’ensemble des groupuscules idéologiques qui jouissent, dans les médias télévisuels ou en ligne, d’une visibilité tenue sous pavillon Bolloréen.

(...)

désormais c’est aux politiques d’extrême-droite que revient le rôle de la normalisation, de la banalisation, de la dédiabolisation, et c’est aux médias d’extrême-droite que revient celui de la polarisation, de l’outrance, de la monstrueuse monstration du vil, du veule et du servile, de l’abêtissement concerté, et de l’élargissement constant de la fenêtre d’Overton. (...)

Et puis donc il y a ce qui fut, là aussi un temps, le barrage, le rempart, la digue. Qué lo appelorio le service public. Et qui a cessé d’être, sauf en quelques espaces dont nous reparlerons, ce barrage, ce rempart, cette digue. (...)

Rarement on aura vu un tel naufrage politique, moral et formel.

Et puis alors même que le harcèlement de Nassira El Moaddem se poursuivait pour atteindre des sommets d’appels à la violence, alors que je venais de visionner le deuxième épisode de la série La Fièvre, c’est cette fois l’humoriste Guillaume Meurice qui publiait un message sur ses médias sociaux indiquant qu’il était convoqué par sa direction à un entretien probablement préalable à son licenciement. (...)

la mise au pas de cette forme d’humour politique est au centre d’un agenda partagé par la Macronie et par l’extrême-droite. (...)

Cette blague sur laquelle chacun y compris les précédents avait déjà eu l’occasion de déverser soit son avis soit son idéologie soit les deux, cette blague va redevenir le centre de l’agenda. Et la fièvre va monter. Très haut. Parce que cette nouvelle mise à l’agenda coïncide avec l’extermination, réelle, de toute forme de possibilité de vie palestienne dans la bande de Gaza, parce que ce qui se passe à Gaza infuse dans un jeunesse – pas uniquement – française qui y voit un nouveau Vietnam, parce qu’il s’agit d’empêcher de nommer le réel pour ce qu’il est et de désigner la barbarie pour ce qu’elle montre. (...)

La dernière fois qu’une caricature est devenue impossible parce qu’elle avait été délibérément déplacée hors du cadre et du dispositif initial qui la rend possible et nécessaire en démocratie, nous avons perdu Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat et Bernard Maris (ainsi que Mustapha Ourrad, Franck Brinsolaro, Michel Renaud et Ahmed Merabet).

Onze personnes tuées par un dessin. Pour un dessin.

Je forme le voeu que la blague de Guillaume Meurice ne soit pas la blague qui tue. A ce titre je trouve l’attitude de toute sa troupe et sa bande exemplaire, à commencer par celle de Charline Vanhoenacker qui ne cède jamais ni à la panique ni à la politisation facile vers laquelle pourtant, tout le monde la tire.

“Je prends acte de la décision de Radio France. Cette situation est très inquiétante, mais la troupe reste mobilisée au service de la rigolade. Soutien à mon camarade @GMeurice” écrit-elle.

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