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AfriqueXXI
Dans le Congo de Lumumba, la bande-son mondiale de la solidarité
#Lumumba #Congo #colonialisme
Article mis en ligne le 6 octobre 2025
dernière modification le 3 octobre 2025

Avec un documentaire foisonnant, Soundrack to a Coup d’État, le réalisateur belge Johan Grimonprez raconte l’arrivée au pouvoir au Congo, en 1960, de Patrice Lumumba, puis son assassinat quelques mois plus tard. Une leçon de choses sur le cynisme du colonialisme et la puissance du jazz.

C’est un cri plutôt qu’un chant, profond, rauque, déchirant. Un cri au cœur d’une chanson scandée par Abbey Lincoln, diva noire du free-jazz, au côté de son mari, le batteur Max Roach, dans « Tears for Johannesburg » (Des larmes pour Johannesbourg), une âpre prière contre l’apartheid dans leur album We Insist, publié en 1960. Il ouvre le film documentaire de Johan Grimonprez, Soundtrack to a Coup d’État, et on comprend instantanément que l’on va devoir attacher sa ceinture. Pendant 2 h 30, on embarque pour un captivant voyage dans une tranche de l’histoire africaine et mondiale et de la culture : ces quelques mois de 1960-1961 où Patrice Lumumba va tenter de diriger le Congo fraîchement indépendant avant d’être assassiné à 36 ans.

Ce n’est donc pas du tout par hasard si l’on retrouve la voix puissante d’Abbey Lincoln à la fin de ce formidable documentaire. Elle est, avec Max Roach et une soixantaine de militants, dans les tribunes des Nations unies le 15 février 1961 à New York pour dénoncer l’assassinat, quelques semaines plus tôt, de Lumumba avec, le film le montre avec brio, la complicité de la Belgique et de la CIA et la passivité d’une ONU alors dirigée par le Suédois Dag Hammarskjöld. « Enfoirés ! Racistes ! » hurle Abbey Lincoln, traînée au sol par des appariteurs qui échouent à la faire taire. (...)