
La vie à Gaza, ou ce qu’il en reste. Les enfants qui n’ont plus d’enfance, les drones qui lâchent des bombes ou des cris toute la nuit. La faim, la dignité piétiné, l’humiliation continue. Triple lauréat du prix Bayeux, Rami Abou Jamous était Au Poste, en duplex depuis ce pays « où une vie vaut moins que le reste ». Un échange exceptionnel.
Longtemps, il fut fixeur pour journalistes occidentaux. Et puis la guerre, les circonstances : Rami Abou Jamous a dû prendre la plume. Pour Orient XXI, il tient un journal de bord bouleversant, que les belles éditions Libertalia publient ces jours ci en recueil. Un style sec, parce qu’il n’y a pas le temps pour les fioritures : quand Rami amène ses enfants à la mer, il dit : « nous prenons des risques pour notre vie car nous aimons la vie ».
Il y a un an, sa femme Sabah, son fils Walid et lui quittent leur appartement et rejoignent un hôpital pour la nuit, avant de partir à Rafah s’abriter chez un ami puis de finir à Deir el-Balah sous une tente, leur « Villa de la fierté », située près d’un camp de fortune. Sur Gaza Vie, un groupe Whatsapp rassemblant plusieurs journalistes internationaux, il envoie son leitmotiv quotidien : « Toujours en vie ». Dépendant d’un panneau solaire pour sa connexion, il nous livre à distance son témoignage éprouvant et plein de vie. (...)
Voir la video sur Invidious (pas ou peu de pistage)⬇️
Lire aussi :
– (Editions Libertalia/collection Orient XXI)
Rami Abou Jamous : Journal de bord de Gaza
Préface de Leïla Shahid, présentation de Pierre Prier (à télécharger).
Vivre sous une tente, c’est endurer une chaleur d’enfer pendant la journée, avec des mouches qui pénètrent à l’intérieur et n’arrêtent pas de vous agacer. Et la nuit, c’est l’inverse : il fait froid. Il faut mettre deux ou trois couvertures. C’est se réveiller en ayant mal partout, parce qu’on dort sur un sol déformé.
Vivre sous une tente, c’est dépendre de l’aide humanitaire et ne manger que des boîtes de conserve. C’est chercher tous les jours un endroit pour charger nos téléphones et nos lampes rechargeables.
Vivre sous une tente c’est faire la queue pour l’eau et la nourriture. Pour faire la cuisine, il faut un four en argile et du bois. Quand on n’a pas de bois, on utilise n’importe quoi. Beaucoup de gens brûlent des cartons ou du plastique. On respire presque toute la journée cette fumée de plastique. On fait la lessive dans les seaux, on porte les mêmes vêtements trois ou quatre jours pour économiser l’eau. Pour les toilettes, on creuse un trou.
Vivre sous la tente, c’est surveiller en permanence les insectes, les serpents, les scorpions.
C’est une vie d’humiliation.
Mais cette tente est le symbole de la résilience palestinienne. Nous en avons fait un symbole politique, pour dire que nous allons rentrer chez nous. Parce qu’un jour, tout cela va s’arrêter.
Rami Abou Jamous est un journaliste palestinien. Il tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France.
Un témoignage de première main incroyablement émouvant.
Une immersion inédite dans le quotidien des Gazaouis. (...)
– Lancement du livre « Journal de bord de Gaza » de Rami Abou Jamous
Notre correspondant Rami Abou Jamous tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France.
Le 29 novembre 2024 son Journal de bord de Gaza, préfacé par Leïla Shahid et présenté par Pierre Prier, est paru aux éditions Libertalia, dans la collection Orient XXI.
Pour le lancement du livre, Orient XXI et les éditions Libertalia ont organisé une rencontre avec Leïla Shahid et Pierre Prier au Lieu-Dit à Paris, et animée par Sarra Grira, rédactrice en chef d’Orient XXI, le jeudi 28 novembre 2024. (...)