
Dans une lettre adressée à Macron, des artistes et des personnalités de la culture s’unissent pour exiger que tout soit mis en œuvre pour que cesse le massacre.
Monsieur le Président,
Notre humanité, et le sens que nous lui donnons, se défait chaque jour un peu plus. C’est avec un effroi et une douleur immense que nous voyons se dérouler une catastrophe insoutenable à Gaza. Ce monde dont on nous tend aujourd’hui le miroir, nous n’y croyons pas plus que nous ne le voulons. Nous, citoyennes et citoyens, membres du monde de la culture, appelons à la reconnaissance des droits de tout être humain. Nous rappelons qu’ils sont universels et inconditionnels. Nous disons l’impossible justification morale des immenses désastres, humains, matériels et éthiques, qui gisent à Gaza, désormais décrite par un représentant de l’ONU comme « l’enfer sur terre » (1). Exiger la fin d’un massacre et le respect des droits fondamentaux des êtres humains ne peut pas prêter à controverse quand l’Histoire nous a appris le prix du silence. Nous, de toutes les origines et de toutes les confessions, unis par la condamnation de cette catastrophe, vous adressons cette lettre et vous demandons de tout mettre en œuvre pour que ce massacre cesse. Nous vous demandons, Monsieur le Président, d’agir, de vous faire la voix de notre désaccord, de notre révulsion, et de notre espoir. Cette lettre vous appelle à votre devoir. Nous nous lèverons, nous manifesterons, nous écrirons, nous interpellerons, nous nous réunirons, jusqu’à ce qu’il y ait les signes d’un nouveau jour. Nous saluons les récents votes de la France au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations unies, qui, de toute évidence, ne sont pas suffisants. Nous vous exhortons à poursuivre cet élan et à vous faire le représentant de celles et ceux qui, toujours plus nombreux, aux côtés d’innombrables organisations dont l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch, Unicef, Médecins sans frontières ou la Croix-Rouge, exigent un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
Il en va de la dignité humaine. Nous sommes horrifiés par la mort de plus de 19 000 Palestiniens dont plus de 7 000 enfants et par l’inacceptable politique d’apartheid mise en place par le gouvernement israélien en Palestine, qu’Amnesty International – dans le sillage de nombreuses organisations des droits humains palestiniennes, israéliennes et internationales (2) – qualifie de « système cruel de domination et de crime contre l’humanité » (3). Nous sommes horrifiés par la mort de plus de 1 200 Israéliens le 7 octobre et la prise d’otages, pour lesquels nous appelons au retour immédiat. Nous partageons l’immense douleur de toutes celles et ceux confrontés à des pertes injustes. Nous exigeons l’égalité des droits pour les Israéliens et les Palestiniens. Nous condamnons unanimement les personnes, les organisations et les États responsables ou complices des massacres de civils innocents. Nous condamnons unanimement la haine, où qu’elle soit, et qui qu’elle touche. Nous rejetons sans réserve l’islamophobie et l’antisémitisme, qui nourrissent l’un et l’autre les mêmes abysses. Nous dénoncerons aussi désormais tous les actes d’intimidation, de censure et de mise au pas. Nous dénoncerons toute tentative d’entrave à la liberté d’expression de celles et ceux qui défendent l’égalité des êtres. Nous ne céderons pas aux attaques de celles et ceux qui veulent le crime, la rage, la guerre et l’aveuglement, et qui tentent d’imposer le silence à celles et ceux qui élèvent leurs voix contre l’intolérable.
Nous sommes guidés par les valeurs qui constituent la raison d’être de la culture et de l’humanité, et par ce regard que l’on se doit de garder toujours rivé sur le sort que l’on y fait à l’autre. Nous rejoignons aujourd’hui les millions de personnes qui demandent partout la fin de ce désastre.
Nous sommes et resterons bouleversés par l’injustice, mus par la solidarité, et unis pour la reconnaissance des droits de tous les êtres humains.
Monsieur le Président, Il est encore temps de sauver les cœurs vivants et battants de Gaza, et avec eux notre humanité à toutes et tous. »