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comment légaliser les drogues : propositions pour aller de l’avant
Article mis en ligne le 8 janvier 2012
dernière modification le 4 janvier 2012

Le « problème des drogues », c’est loin d’être le seul problème des drogués : c’est le problème des mafias et des gangs ; le problème de l’économie de survie des quartiers déshérités ; le problème de la transmission du sida ; le problème des relations intergénérationnelles ; le problème plus général des « échafaudages de secours » que chaque société s’autorise pour continuer à tenir debout, tant il a toujours existé des drogues légales ; et encore le problème de l’avenir de l’agriculture française ou des frontières de l’Europe.

(...) dépénaliser encouragerait l’usage  ? L’exemple du Portugal, qui a dépénalisé l’usage de toutes les drogues il y a dix ans, montre le contraire  : en 2009 un rapport faisait apparaître qu’après huit ans d’application de la nouvelle loi, le pourcentage d’adultes prenant des drogues au Portugal était devenu l’un des plus faibles de l’Union européenne et la proportion des 15-19 ans consommateurs avait baissé [2]. La politique de tolérance des Pays-Bas n’a pas conduit non plus à une explosion des consommations  : les données de l’OEDT (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies) y indiquent au contraire un niveau deux fois moins important qu’en France. On ne peut pas pour autant inverser le raisonnement et prétendre que la répression stimule la consommation. (...)

les lois sur les drogues fonctionnent à l’envers  : elles excluent au lieu de protéger, prétendent dresser une paroi étanche entre ceux qui usent des drogues et ceux qui n’en usent pas. Donner une coloration morale à l’interdit adossé à ces lois est indécent et ­ravageant : c’est abandonner sans cadre non ­seulement les ­consommateurs mais tous ceux qui les accompagnent, les familles, les éducateurs (...)

Certes, nous dira-t-on encore, les produits intoxiquent à petit feu, causant d’importants dommages à long terme, et on peut s’effrayer de voir se développer, aux côtés de l’alcoolisme, des cocaïnomanies ou des héroïnomanies, des cirrhoses et problèmes hépatiques divers, des séquelles neurologiques, cardiaques ou autres. Mais là encore, autant documenter ces problèmes et les affronter que les ranger dans l’ombre des méfaits qui auraient dû être évités. (...)

légaliser permettrait non seulement de maîtriser la qualité des produits, mais d’en contrôler la délivrance et de faire passer des messages de prévention  ; faire des drogues un objet commun, si dangereux soit-il, permettrait d’en améliorer la socialisation et d’apprendre à en contrôler les risques — de la même façon qu’on apprend à contrôler ces objets extraordinairement dangereux que sont les voitures —  ; soustraire les drogues à leur diabolisation permettrait d’en faire un objet comme les autres et de stimuler les développements de la recherche, au plan sanitaire comme au plan social. (...)

On observe un double lien entre drogues et inégalités. D’une part, il semble, au vu des comparaisons internationales, que le niveau de consommation soit corrélé au degré d’inégalité sociale  : plus une société est inégalitaire, plus fréquente y est la consommation de drogues [6]. On comprend mieux alors pourquoi la prohibition échoue  : les niveaux de consommation dépendent bien davantage des inégalités sociales que des politiques publiques.
(...)

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