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club de Médiapart/Géographies en mouvement
Comment la Terre est (encore) habitable
#terre #planète
Article mis en ligne le 27 septembre 2023
dernière modification le 26 septembre 2023

(...) De l’écologie à la biogéologie

Lorsque Gaillardet livre, plus intimement, ce que lui inspire son travail scientifique, il voudrait qu’on comprenne que nous ne vivons plus sur la Terre mais en elle : « Nous vivons dans les interstices, les plis de cet affrontement entre David (la Terre rocheuse) et Goliath (le Soleil) qui crée la seule mince couche habitable ». L’écologie définie par Haeckel en 1866 ne dit rien des turbulences déréglées au milieu desquelles nous sommes ballotés. S’il n’y a plus d’infini, nous sommes alors logés dans un espace transformé et mouvant, animé par l’écoulement de l’eau, des gaz, des polluants. Il faut alors imaginer de nouvelles cartes frontières entre humains et la Terre habitable (...)

Terra Forma[3] :Il faut marteler que la force géologique des humains va croissant : en 2020 « la masse des infrastructures humaines (ciments, graviers, sables, asphalte, briques, métaux, plastiques) a atteint la masse de l’ensemble des êtres vivants logés dans la partie habitable de la Terre, et cette quantité croît au rythme vertigineux de 29 milliards de tonnes par an. » Un apport à la zone critique représentant annuellement trois fois ce que les volcans crachent de lave et presque deux fois ce que l’ensemble des fleuves apportent de matière dans l’océan. Du côté du vivant, un million d’espèces sur les 8 à 10 millions sur la planète sont en voie d’extinction. Il faut arrêter la machine productiviste. Dépasser l’ambition de l’écologie par une biogéologie, pour réconcilier le point de vue des vivants et des non-vivants. Gaillardet appelle à une nouvelle « science des terrestres » pour se connecter aux pulsations de la planète, échapper à la « crétinisation de l’université qu’Edgar Morin évoquait dès 1990 », « revoir de fond en comble la place des sciences dans la société ». (...)

Une science joyeuse mais réaliste, avec un implacable constat qui nous enjoint de ne pas lâcher prise devant la catastrophe en cours.