
Après plus de sept mois de guerre, les plans à long terme de l’armée israélienne pour la bande de Gaza deviennent plus clairs. D’après les images satellitaires et les témoignages oculaires, recueillis par +972 Magazine, il apparaît que l’armée détruit des maisons, détruit des terres au bulldozer et érige des structures qui lui permettront d’opérer à Gaza pendant les années qui viennent.
Depuis le début de la guerre, début octobre 2023, l’armée a démoli des bâtiments le long de la limite orientale de la bande de Gaza, dans le cadre de ce qui est largement considéré comme un plan visant à établir une « zone tampon » de un kilomètre de large entre les zones peuplées de Gaza et d’Israël – l’équivalent de 16 % du territoire de Gaza, selon l’organisation des droits humains B’Tselem – dont l’entrée serait interdite aux Palestinien·nes. Cela entraînerait le déplacement permanent de milliers de civils et aurait de graves conséquences sur le secteur agricole déjà limité de Gaza.
Pourtant, cette zone tampon n’est pas le seul moyen par lequel l’armée israélienne peut transformer de manière permanente la géographie de Gaza.
Depuis octobre, le checkpoint abandonné de Netzarim, que l’armée israélienne exploitait avant son « désengagement » de Gaza en 2005, a été agrandi pour devenir une route de 6,5 kilomètres de long traversant la bande de Gaza, comme le montre une enquête de CNN. (...)
En construisant des avant-postes le long du corridor de Netzarim, l’armée sera en mesure de contrôler et de restreindre les mouvements à travers Gaza et de continuer à mener des opérations terrestres.
Une telle destruction généralisée de propriétés privées et une telle occupation de territoires en dehors des frontières reconnues d’Israël constituent une violation flagrante du droit international, avec des conséquences immédiates pour la population civile de Gaza. En plus de la perte de leurs terres et de leurs maisons, les Palestinien·nes déplacé·es par la guerre vers le sud de la bande de Gaza sont désormais physiquement empêché·es de retourner vers le nord.
Une « base militaire complète » à Netzarim (...)
Élargissement de la zone tampon
Alors que l’armée israélienne élargit la zone tampon séparant Gaza d’Israël, les Palestinien·nes assistent à la destruction de leurs maisons et de leurs villages. (...)
Cette destruction semble être constante sur tout le périmètre est de Gaza. (...)
« Nous ne rentrerons pas chez nous si l’armée met en œuvre son plan » (...)
Avant le 7 octobre, Israël maintenait depuis longtemps une zone tampon de 300 mètres à l’intérieur du territoire de Gaza et tirait et tuait régulièrement des Palestiniens qui entraient dans la zone. Seul un petit nombre d’agriculteurs agréés par l’armée était autorisé à y pénétrer.
C’est également là que s’est déroulée la Marche du retour de 2018, au cours de laquelle les Palestinien·nes se sont rassemblé·es tous les vendredis pendant plus d’un an pour appeler à la fin du blocus israélien de Gaza et à la mise en œuvre de leur droit au retour. Les manifestant·es ont été confronté·es à une violence féroce : en 18 mois, des tireurs d’élite israéliens ont tué 223 Palestiniens et en ont blessé plus de 8 000, dont des médecins et des journalistes.
Aujourd’hui, les responsables israéliens affirment qu’une extension massive de la zone tampon est nécessaire pour que les Israélien·nes puissent retourner dans les villes entourant la bande de Gaza, qui ont été évacuées après les attaques menées par le Hamas le 7 octobre. Mais cela semble aussi être une démarche stratégique de la part d’Israël pour renforcer sa position dans les négociations futures, selon Reham Owda, un analyste politique à Gaza. (...)
L’enjeu de Rafah (...)
« Maintenant, nous nous sommes déplacés vers l’ouest de Rafah, dans la région d’Al-Mawasi, nous a déclaré Sami Zoroub. Nous ne nous attendions pas à ce que l’armée pénètre dans la ville de Rafah par voie terrestre, en dépit des avertissements des pays du monde entier. »
Dans toute la bande de Gaza, la destruction de maisons et la saisie de terres par l’armée israélienne sont un signe inquiétant pour l’avenir. (...)
Alors qu’Israël développe et cimente cette architecture militaire, observe Obaid, « c’est comme si Gaza était entièrement sous son contrôle ».