Plusieurs pays de l’UE ont intégré l’éducation sexuelle et/ou affective et relationnelle dans les écoles : les résistances sont encore nombreuses, renforcées par la vague conservatrice qui traverse le continent. Le consentement, les relations hommes-femmes et la domination, ainsi que les violences sexuelles peuvent (et doivent) être discutés avec les jeunes.
Depuis 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme qu’une éducation sexuelle “complète” joue un rôle central dans la préparation des jeunes à une vie “sûre, productive et épanouissante dans un monde où le VIH et le sida, les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées, la violence sexiste et les inégalités entre les sexes continuent de représenter de graves risques pour leur bien-être”.
Cela semble être une évidence. Mais paradoxalement, l’éducation sexuelle et affective ne fait toujours pas partie du programme scolaire dans toute l’Europe.
Plusieurs pays ont intégré l’éducation sexuelle et/ou affective et relationnelle dans les écoles, mais les résistances sont encore nombreuses. Et la vague de conservatisme qui traverse le continent, parallèlement à celle qui vient des Etats-Unis, a des conséquences sur la capacité des gouvernements à mettre en œuvre les programmes, ainsi que sur la santé publique en général.
Le cas français : éduquer à la sexualité et à l’affectivité, à l’école et au-delà
Depuis 2001 (loi 2001-588), l’éducation sexuelle est obligatoire en France et doit théoriquementêtre dispensée dans les écoles primaires, collèges et lycées à raison d’au moins trois cours par an, sur tout le territoire, tant dans les établissements publics que dans les établissements privés sous contrat.
Mais les choses se passent autrement en réalité. Le quotidien Le Monde écrit en effet que “selon un rapport officiel de 2021, ‘moins de 15 % des élèves bénéficient de trois sessions [d’éducation sexuelle] pendant l’année scolaire à l’école primaire ou au lycée (respectivement moins de 20 % au collège)’”. Cette non-application a valu, en 2023, une plainte de trois associations (Planning familial, SOS homophobie et Sidaction) contre l’Etat .
Depuis l’année scolaire en cours (2025-26), l’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (Evars) fait partie intégrante du programme scolaire français.
La période comprise entre 2001 et 2025, malgré ses lacunes, a permis la création d’espaces de parole et de bonnes pratiques. Un cas intéressant à cet égard est celui de Didier Valentin/Drkpote, qui travaille depuis une vingtaine d’années comme animateur en éducation affective et sexuelle dans les collèges, lycées et écoles professionnelles. (...)
Ann-Laure Bourgeois, enseignante et journaliste, fondatrice des “Ateliers badass” et autrice du guide pour parents Parents informés, enfants protégés•es, est également formatrice et consultante en santé sexuelle infantile. Bourgeois explique à quel point le rôle des parents est important. “L’éducation à l’intimité commence à la maison : les parents doivent eux aussi apprendre qu’un enfant peut dire ‘non’”, par exemple lorsqu’on le touche, ou commencer à demander la permission avant de prendre une photo. “La culture du consentement commence à la maison”, ajoute-t-elle, "mais aussi les personnes qui prennent soin de l’enfant dès la naissance (assistantes maternelles, professionnelles en structure comme des crèches)".
Si les adultes, explique-t-elle, respectent les limites corporelles d’un enfant, celui-ci “se sentira autorisé à l’école ou dans les lieux de socialisation à poser les siennes”. De cette manière, Bourgeois espère voir grandir des adultes “plus tolérants, plus heureux, mieux informés" et les violences d’autant plus réduites.
Quelle est la situation en Europe ?
L’éducation sexuelle n’est pas une compétence européenne – l’article 6 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) stipule que l’UE a des compétences de soutien en matière d’éducation et de politique de santé, qui demeurent du ressort des Etats membres – mais l’UE s’aligne sur les recommandations internationales.
Il existe des différences, parfois radicales, entre les Etats membres, ce qui conduit à des situations comme celles de la Hongrie, de la Pologne et de la Bulgarie, où les discussions sur l’identité de genre et les droits des personnes LGBT+ deviennent taboues ou illégales, s’alignant ainsi sur les positions réactionnaires de la Russie.
“Si auparavant le consentement et les violences sexuelles faisaient partie de nos formations, après #MeToo, ils sont devenus le thème central” – Didier Valentin
Dans certains pays, comme la Suède et la Finlande, l’éducation sexuelle fait partie de l’enseignement obligatoire, et est intégrée dans des matières telles que l’éducation à la santé et la biologie (...)