
Une microalgue toxique pour les humains s’est installée sur la côte basque et se répand avec le réchauffement des eaux. Elle pourrait pousser certaines villes à fermer des plages.
Elle est invisible à l’œil nu et occupe pourtant de l’espace dans les conversations au Pays basque. Elle, c’est une microalgue d’origine tropicale qui répond au nom d’Ostreopsis. Si elle attire autant l’attention à quelques semaines de l’été, c’est que cette microalgue produit des toxines qui se dispersent via les embruns. Ces toxines peuvent ainsi contaminer les usagers des plages par inhalation, entraînant des symptômes souvent similaires à un état grippal. La microalgue a déjà provoqué des fermetures de plages, notamment durant l’été 2021. Qu’en sera-t-il en 2024 ? (...)
Ostreopsis n’est pas une espèce endémique du Pays basque. La microalgue se développe habituellement dans les eaux tropicales. En France, elle a fait une première apparition en Méditerranée dès 2005, puis est arrivée au Portugal en 2016 et a longé le littoral Atlantique. « Il est probable qu’elle monte plus au nord, dit Elvire Antajan, chercheuse au sein du laboratoire de l’Ifremer, l’institut français dédié à la connaissance des océans. On a retrouvé des traces d’ADN jusqu’en Bretagne et des cellules dans les Landes, au large de Capbreton et dans le lac marin d’Hossegor en 2023. »
Pour le moment, les taux de concentration mesurés dans les Landes sont très faibles et ne justifient pas de mesures sanitaires, contrairement aux côtes basques, où la microalgue a véritablement fait son nid. Sa première apparition date de l’été 2021 et, depuis, elle n’en est jamais repartie. (...)
Pour étudier le développement de cette algue, mais aussi ses conséquences sur la santé et sur la biodiversité marine, le programme Ostreobila a été lancé au printemps pour trois ans, avec des scientifiques des deux côtés du Pays basque. (...)
En l’absence de réglementation, les décisions ne sont pas prises par l’ARS, mais directement par les maires des communes « au cas par cas », en fonction du nombre de cellules de l’organisme mesuré lors des prélèvements croisés avec les remontées de terrain. Les signalements des usagers et des professionnels jouent donc un rôle d’alerte (...)
Des effets sur la biodiversité
Les conséquences sur la santé humaine ne sont pas les seuls effets mesurés : la microalgue affecte aussi le milieu dans lequel elle s’installe. On la suspecte ainsi d’être « associée à des mortalités importantes d’organismes tels que les ormeaux, les patelles ou des macroalgues », dit Elvire Antajan.
La microalgue ne pourrait être qu’un coup de semonce dans un océan en évolution. « Depuis seize mois, la température dans l’eau est au-dessus des normales tous les mois, constate la chercheuse. C’est du jamais vu. Des espèces qui restaient sous les radars en profitent pour coloniser les milieux et entraînent des disparitions d’autres espèces, notamment pour les macroalgues. »
Cette hausse inédite de la température associée à des pollutions d’origine anthropique dégrade rapidement la biodiversité (...)