
Mardi 7 octobre, à l’appel de l’association Droit au logement (DAL), une quinzaine de personnes se sont mobilisées devant la mairie du XIe arrondissement de Paris pour dénoncer les fraudes locatives, encore trop récurrentes.
« Qu’est-ce qu’on veut ? Un logement ! Pour qui ? Pour tous ! Pour quand ? Pour maintenant ! » Ce mardi 7 octobre sur le parvis de la mairie du XIe arrondissement de Paris, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement (DAL) donne de la voix, mégaphone en main. S’il peine à en actionner correctement le micro, le message passe : les locataires doivent impérativement lutter contre les bailleurs fraudeurs et se battre pour leurs droits.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Alors que les équipes de DAL viennent de s’installer sur la place Voltaire, devant les bureaux du maire, Mambé Touré s’empare déjà d’un drapeau et d’une chasuble jaune, couleur de l’organisation. Ce vendeur de 48 ans se mobilise aux côtés de l’association pour exprimer sa détresse et sa colère. Locataire d’un 11m² rue de Saint Maur dans un immeuble vétuste, il exige d’être relogé.
Des immeubles dignes d’une « poubelle »
« Je vis avec des cafards, des souris, des punaises partout », se désole Mambé. Il brandit son téléphone et fait défiler les preuves de ce qu’il avance, gardées précieusement au chaud dans son dossier photo. Un week-end sur deux, ce papa accueille en ses murs son petit garçon dans ce qu’il décrit comme un endroit décrépit. « Mon fils a peur de venir, peur de se retrouver face à des rats ! » (...)
En l’espace de quelques années, cet immeuble rue Saint Maur s’est vu déserter. Entre le silence et l’inaction des deux propriétaires et l’arrivée de squatteurs, ils ne sont plus que quatre locataires à habiter les lieux. « Je comprends nos anciens voisins, cet endroit est une poubelle », souffle Fabien. Une poubelle qui leur coûte tout de même plus de 620 euros par mois pour à peine une dizaine de mètres carrés. « Et nos charges augmentent sans même que notre qualité de vie au sein de l’immeuble ne s’améliore ! »
Un droit au relogement bafoué
Avec ses trois voisins, il se refuse à quitter les lieux. « L’immeuble n’est pas aux normes de décence, ils ont le droit d’être relogés », tonne Jean-Baptiste Eyraud. Même constat pour une jeune mère et sa fille, locataires cette fois-ci d’un appartement rue Ternaux. Chez elles, pas d’animaux parasites mais un plafond un peu trop bas pour être aux normes. (...)
L’objectif de la mobilisation du jour : dénoncer haut et fort les fraudes et escroqueries des bailleurs. « Il faut faire respecter la loi et très souvent leur loi à eux, bailleurs fraudeurs, c’est gagner toujours plus d’argent », réaffirme Jean-Baptiste Eyraud.
Sa présence sur la place Voltaire s’est d’ailleurs fait remarquer. Plusieurs habitants du quartier se sont arrêtés pour discuter avec les bénévoles et dénoncer leurs propres situations locatives. (...)
En cet après-midi ensoleillé d’automne dans le XI arrondissement de la capitale, une délégation de cinq personnes, constituée d’un représentant par immeuble vétuste et de bénévoles du DAL, a pu échanger avec un collaborateur du maire (François Vauglin, socialiste). Elle a demandé que la mairie accélère la venue du Service Technique de l’Habitat pour constater les indécences dénoncées et exiger le relogement des locataires démunis.
« La mairie assure prendre le sujet au sérieux et s’activer pour faire bouger les choses », résume Jean-Baptiste Eyraud, en sortant du rendez-vous. Pour ce qui est de l’immeuble rue Saint Maur, la municipalité prévoit de mener une procédure d’expropriation et de racheter le bâtiment pour en faire des logements sociaux. Affaire à suivre.