
J’ai le monde en sang au bord des lèvres. Alors, je me demande ce que je pourrais dire d’utile et responsable. La compassion. La paix. Cessez le feu ! Oui bien sûr. Relire les poètes. Je me sens impuissant. Condamner, prendre parti, faire ce que j’ai à faire dans ma patience. Prier peut-être. Prier pour le cesser le feu. Il faut cesser le feu.
Prier ?
Je n’ai pas de Dieu, encore moins de religion qui nourrirent tant de conflits. Je peux juste prier par compassion, prier les hommes.
Sur leurs brûlures, leur ressentiment, ils n’entendront que la haine, le besoin de vengeance. C’est trop tôt me direz-vous.
Je peux juste être du côté des enfants. Penser aux victimes. Je prie.
Et je sais qu’il y a des victimes dont on parle et des victimes que l’on tait.
Je peux juste être du côté de celles et ceux qui prient, qui veulent la paix. Comme un ferment indispensable. Il faut cesser le feu. Est-ce vain de le dire ?
Je peux juste envoyer mes ondes en pensant à cet enfant inconnu, pétri de trouille, recroquevillé dans une maison en ruines, qui entend les bombes.
Il y a celles et ceux qui déjà tentent d’aller panser les plaies, sauver qui peut l’être. Ceux qui prennent des risques pour sauver les autres. Ce sont les courageux.
Les marchands d’armes se réjouissent, sortent leurs catalogues, les budgets militaires trouvent de l’argent là où l’on nous disait les caisses vides.
Ce sont des banalités n’est-ce pas ?
Que peut-on avoir à faire de mes prières, de mes convictions, de mes revendications ?
Mais je prie pour ce cesser le feu et pour chaque victime.
Je prie comme on met une bougie à la fenêtre. Pour garder la lampe allumée, la préserver du vent. Pour l’espoir. Et ça n’a rien d’indigne ni ridicule. (...)