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Futura Sciences
« C’est un scénario à la Mad Max qui pourrait se produire. Ce qui est déplorable, c’est qu’il n’y a pas d’anticipation de la part des pouvoirs publics »
#numerique #technologies #limites #economie #ecosystemes
Article mis en ligne le 8 octobre 2025
dernière modification le 5 octobre 2025

Alors que le numérique représente une part de plus en plus significative des émissions de CO2 dans le monde, l’épuisement progressif des métaux nécessaires à la fabrication et au fonctionnement des terminaux met en danger l’avenir du réseau. La montée en puissance de l’IA générative, particulièrement gourmande en énergie, en eau et en minerais, va aggraver ce phénomène. Pour sortir de cette impasse, à la fois climatique, technologique et industrielle, il faut pouvoir inventer l’internet circulaire et sobre de demain. Afin de définir un nouvel horizon pour nos activités en ligne, Frédéric Bordage, spécialiste du numérique durable et fondateur de Green IT, un collectif qui réunit les meilleurs experts en slow tech, a répondu aux questions de Futura.

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L’accélération de l’IA générative
Le numérique est une ressource non renouvelable
Futura : Pour commencer, pouvez-vous nous rappeler quels sont les impacts du numérique sur l’environnement ?
Futura : À cela, il faut encore rajouter l’impact de l’IA générative ?
Futura : Vous dites, par ailleurs, que le numérique est une ressource non renouvelable. Qu’entendez-vous par là ?
Futura : Avec quelles conséquences ?
Futura : Il y a également le problème spécifique du cuivre, qui est le supraconducteur de l’électricité ?
Futura : Quelles seraient les répercussions d’un accès restreint au numérique, sans possibilité de revenir à un trafic normal par manque de ressources, et par extension, celles de la fin de cette technologie ?
Futura : Le virage vers l’économie circulaire peut-il apporter une solution pertinente ?
Futura : À quoi pourrait ressembler ce nouveau modèle ? Et comment pourrait-il prendre forme ?

(...)

Futura : Quelles seraient les répercussions d’un accès restreint au numérique, sans possibilité de revenir à un trafic normal par manque de ressources, et par extension, celles de la fin de cette technologie ?

Frédéric Bordage : Ce serait tout simplement apocalyptique. Le numérique est devenu le système nerveux central des sociétés humaines. Sans lui, plus rien ne pourrait fonctionner. Les banques et les entreprises feraient faillite car elles ne pourraient plus effectuer la moindre transaction. Les bourses s’effondreraient, entraînant dans leur chute chaque secteur de l’économie. Les salaires ne seraient plus versés. Les trains, les avions, les métros ne pourraient plus circuler. Les magasins et les supermarchés ne seraient plus approvisionnés. Ce serait le chaos généralisé. C’est un scénario à la Mad Max, mais qui pourrait se produire. Ce qui est déplorable, c’est qu’il n’y a pas d’anticipation de la part des pouvoirs publics. Pour éviter que nous n’en arrivions là un jour, nous avons besoin de définir ensemble, dans le cadre d’un processus démocratique, les usages du numérique à prioriser, comme ceux qui concernent la santé par exemple.
Futura : Le virage vers l’économie circulaire peut-il apporter une solution pertinente ?

Frédéric Bordage : Sans doute, mais nous sommes très loin du compte. Nos systèmes de collecte et de traitement ne sont pas assez développés, et encore, c’est un euphémisme. Il faudrait faire beaucoup plus, et le faire beaucoup plus vite. Par ailleurs, il faut se rappeler que nos équipements contiennent des terres rares en très petite quantité, dont l’intrication moléculaire avec d’autres métaux rend leur recyclage particulièrement complexe. À tel point que ce n’est pas économiquement viable.

“Il faut obligatoirement faire naître l’internet circulaire, sobre et durable de demain, mais le modèle reste à inventer” (...)