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Bruxelles approuve le projet polonais de restreindre le droit d’asile
#migrants #immigration #Pologne #droitdasile #UE
Article mis en ligne le 13 décembre 2024
dernière modification le 12 décembre 2024

Les nouvelles lignes directrices proposées par Bruxelles reflètent le virage à droite qui remodèle rapidement la politique d’immigration et d’asile de l’Union européenne.

La Commission européenne a donné son accord politique au projet controversé de la Pologne d’introduire une suspension territoriale et limitée dans le temps du droit d’asile, inscrit dans le droit européen et international, en réponse aux flux migratoires que la Russie et la Biélorussie ont tourné en arme contre la frontière orientale de l’Union européenne.

(...) La bénédiction s’applique également à tout autre État membre se trouvant dans une situation similaire, y compris la Finlande, qui a introduit une loi d’urgence qui, si elle est déclenchée, empêchera les migrants de présenter des demandes d’asile et donnera aux gardes-frontières le pouvoir de les repousser.

La suspension des droits fondamentaux peut être autorisée si elle est proportionnée, temporaire et limitée à ce qui est "strictement nécessaire" pour répondre à la menace sécuritaire posée par la Russie et la Biélorussie, a déclaré l’exécutif mercredi dans de nouvelles lignes directrices. (...)

Les organisations humanitaires ont sévèrement critiqué cette proposition qui n’avait pas encore été mise en œuvre, Amnesty International la qualifiant de "manifestement illégale".

Quelques jours plus tard, M. Tusk a participé à un sommet des dirigeants de l’UE et a plaidé en faveur de son plan, le présentant comme une question existentielle pour la sécurité nationale. Le discours de M. Tusk a été couronné de succès et a influencé la formulation finale des conclusions de la réunion, qui ont pris l’allure d’une approbation.

"Les situations exceptionnelles requièrent des mesures appropriées", ont écrit les dirigeants de l’UE.

Les lignes directrices adoptées mercredi renforcent ce principe et présentent une nouvelle architecture qui donne aux autorités nationales une plus grande marge opérationnelle pour freiner les flux migratoires que la Russie et le Bélarus manipulent pour semer le chaos et déstabiliser les politiques nationales. (...)

Selon Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, la frontière orientale a enregistré 2 683 passages irréguliers de ressortissants non ukrainiens entre janvier et novembre de cette année. Les principales nationalités étaient l’Éthiopie (426), la Somalie (415), l’Érythrée (405) et la Syrie (365), des pays déchirés par la guerre qui rendent les expulsions difficiles, voire impossibles.

Néanmoins, les Ukrainiens fuyant la guerre constituaient le groupe le plus important, avec 13 847 passages à la frontière. (Les Ukrainiens bénéficient d’une protection immédiate en vertu d’une loi spéciale de l’UE). (...)

Mardi, Human Rights Watch a publié un rapport accusant la Pologne d’expulser violemment les demandeurs d’asile, même après avoir traversé le territoire polonais.

Fait remarquable, Mme Virkkunen n’a pas exprimé d’opposition catégorique aux refoulements, comme la Commission le faisait traditionnellement dans le passé. Sa position vague reflète le virage à droite qui remodèle rapidement la politique d’immigration et d’asile de l’Union européenne. (...)

Le rapport de Human Rights Watch décrit comment les demandeurs d’asile, après avoir été expulsés par les gardes polonais, ont été confrontés à des conditions difficiles à l’extérieur ou à des abus physiques de la part des fonctionnaires biélorusses, qui les ont souvent forcés à retourner en Pologne.

La Commission n’a pas non plus précisé ce qu’il adviendrait des migrants déboutés du droit d’asile et donc interdits d’entrée sur le territoire de l’UE.

Euronews a contacté le service des porte-parole pour plus d’explications.

Réagissant aux lignes directrices, Olivia Sundberg, défenseur de la migration et de l’asile à Amnesty International, a averti que les mesures introduites sous le couvert de "circonstances exceptionnelles" peuvent facilement être prolongées sine die, créant de fait une nouvelle normalité. (...)