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Brûler du plastique pour le climat, le futur « poison » de Taïwan ?
#dechets #plastiques #pollution #greenwashing #Taiwan
Article mis en ligne le 5 janvier 2024

À Taïwan, des entreprises transforment des déchets non-recyclables en combustible pouvant remplacer le charbon. Des détritus largement plastiques désormais considérés comme une énergie renouvelable.

Pour produire son « énergie » qu’elle qualifie de « verte », cette entreprise de 130 employés utilise des détritus non recyclables, notamment plastiques. Déchiquetés, mélangés et compressés, ils finissent en boudins inflammables d’une quinzaine de centimètres de long, appelés combustibles solides de récupération (CSR).

Chaque jour, des camions viennent déposer des déchets industriels dans cette petite usine. Dans les tas qui montent jusqu’à trois mètres, on voit de vieux tapis de polyuréthane, des anneaux de plastique, et beaucoup de vieilles nippes collectées par Uniqlo et H&M dans le cadre de leurs programmes de recyclage des vêtements usagés. (...)

Cela permet de produire un combustible bon marché, moins cher que le charbon, dont la vente à des cimenteries, papeteries et centrales thermiques représente la seconde entrée d’argent pour cette compagnie pionnière à Taïwan, fondée en 2019.

Bien que la définition officielle des CSR inclue quasiment tous les déchets non dangereux, dont des matières organiques comme le bois, certains produits ici sont faits à 100 % de plastique. (...)

« En dix ans d’expérience, on a récolté beaucoup de données, donc on connaît la meilleure recette pour chaque matière », affirme l’ingénieur en montrant d’étonnants échantillons : des cylindres blancs sont obtenus à partir de chutes d’une usine de mégots de cigarettes, d’autres lisses et durs contiennent des semelles de chaussures, et certains sont même faits à partir de la fine couche imperméabilisante qui rend non recyclables les gobelets de café… (...)

Déjà courant dans certains pays d’Europe comme l’Allemagne, le recours aux CSR doit aider Taïwan à résoudre un problème criant : sur cette île grande comme la Belgique et peuplée de 23 millions d’habitants au mode de vie consumériste, les décharges débordent, à tel point que des dépotoirs clandestins apparaissent parfois dans les campagnes. Impossible de brûler les plastiques non-recyclables dans les incinérateurs car leur capacité calorifique élevée, semblable à celle du charbon, les endommagerait.
Moins polluant que le charbon importé

D’où l’idée de substituer, au moins en partie, des CSR au charbon utilisé par les industries lourdes (...)

Les CSR ont tellement l’air de la solution miracle que le gouvernement taïwanais les a inscrits sur sa feuille de route vers la carboneutralité pour 2050. (...)

Si tout se passe comme prévu, la demande de CSR sera gigantesque (...)

Et en France ?

En France aussi, la filière CSR se développe. Depuis 2016, cinq appels à projets ont été lancés par l’Agence de la transition (Ademe), qui ont permis de financer 17 centrales électriques pour une puissance totale de 600 MW. Dans l’Hexagone, les CSR, qui peuvent inclure tous les déchets non recyclables (et donc tous les plastiques), ne sont pas considérés comme une énergie renouvelable : le directeur du service Économie circulaire et déchets de l’Ademe, Roland Marion, préfère les qualifier d’« énergie de transition ». (...)