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Boeing 737 : Derrière les boulons mal vissés, la rentabilité à tout prix
#Boeing #rentabilité
Article mis en ligne le 15 janvier 2024
dernière modification le 13 janvier 2024

Nouvelle crise pour Boeing. Un bout de fuselage d’un Boeing 737 Max s’est envolé au cours d’un vol au départ de Portland aux États-Unis, sans faire de blessés. Alors que la course à la rentabilité du constructeur a déjà conduit à deux accidents tragiques, des négligences sont à nouveau pointées du doigt.

L’un des avions les plus vendus au monde, le 737 Max, suscite à nouveau des doutes sur sa fiabilité. Au cours d’un vol effectué par la compagnie Alaska Airlines, vendredi 8 janvier au départ de Portland, une porte scellée d’un 737 Max-9 presque neuf a été arrachée. La cabine a dépressurisé, le vent a aspiré le t-shirt d’un enfant, mais le pilote a pu retourner à son point de départ et atterrir sans faire de blessés.

Les vérifications qui ont suivi ont révélé d’autres anomalies. La compagnie United a indiqué lundi 11 janvier avoir constaté "des boulons qui nécessitaient d’être resserrés" sur le même modèle, au même endroit que la partie arrachée chez la compagnie Alaska Airlines. Celle-ci a renchéri en découvrant "des équipements mal fixés" sur certains autres appareils du même type.

Plusieurs dirigeants de compagnies accusent Boeing de négligences. "Ils ont des problèmes de qualité depuis longtemps maintenant et ceci n’en est qu’une nouvelle manifestation", a jugé Tim Clarkes, le président d’Emirates, dans un entretien accordé à Bloomberg. Déjà, en août, des boulons mal fixés avaient été constatés et l’Agence fédérale américaine de régulation de l’aviation civile (FAA) avait préconisé des contrôles supplémentaires.

Une enquête ouverte sur les méthodes de Boeing (...)

Un site, déjà saturé par l’afflux de visiteurs, a été créé afin de vérifier si son vol n’est pas un 737 Max.

Cette nouvelle crise rappelle celle de 2019, où les Boeing 737 Max sont restés vingt mois cloués au sol après les crashs d’avions de la compagnie Ethiopian Airlines et Lion Air. Pour réaliser des économies et livrer au plus vite, le constructeur avait pris une décision risquée : installer un moteur plus performant quitte à déséquilibrer l’avion, et avait rogné sur les formations. Un rapport de la commission des transports et des infrastructures publié en 2020 dénonce l’accumulation des erreurs.

Des usines sous pression (...)

Boeing a estimé en juin 2023 que le nombre d’avions commerciaux va doubler d’ici 2042.

De quoi mettre sous pression les usines, pourtant abîmées ces dernières années. En 2020, en pleine pandémie, Spirit Aerosystems a licencié 16% de ses effectifs. "Les chaînes de production ont été ébranlées et laissent place aujourd’hui à des difficultés de livraison", explique à Novethic Jaques Delys, directeur général d’Id Aero, une agence de conseil spécialisée dans l’industrie aéronautique.

Or les défaillances en production s’accumulent, observées aussi dans le modèle 787. Une nouvelle donne d’après le spécialiste, alors que les crashs de 2018 et 2019 étaient liés à des défauts de conception.