
Peu d’enthousiasme pour le nouveau système de logement centralisé
Les réfugiés à Berlin sont répartis dans des quartiers de la ville en fonction de leur mois de naissance, mais ceux-ci les renvoient régulièrement vers le LAF par manque de capacités d’hébergement.
Le Sénat de Berlin a récemment annoncé son intention de retirer aux quartiers les compétences en matière de logement des réfugiés, mais aussi plus largement des sans-abris, afin de les centraliser au sein du LAF.
Amei von Hülsen-Poensgen estime qu’un système centralisé permet d’éviter la surenchère entre les quartiers, faisant grimper les prix du logement. En revanche, elle rappelle que "la qualité de vie dans les centres gérés par l’État est souvent très mauvaise".
(...) L’experte Nihad El-Kayed insiste sur le fait que l’intégration passe par un logement à soi dans une espace qui dispose d’un réseau de soutien. Berlin a ce réseau, mais pas suffisamment d’appartements. (...)
La planification à court terme aggrave le problème
Pour tenter de pallier au problème, le LAF construit de plus en plus de centres d’hébergement à l’image de celui de la Soorstrasse dans le quartier de Westend.
L’Office veut aussi étendre les logements temporaires disponibles à l’ancien aéroport de Tegel, où se trouve le plus grand et le plus controversé centre de réfugiés de Berlin. Le site abrite déjà quelque 5 000 personnes, essentiellement dans des tentes partagées installées sous des hangars. (...)
Débat houleux sur le droit d’asile en Allemagne
Cette problématique de l’hébergement survient alors que le thème de l’immigration est plus que jamais au cœur du débat politique, avec la forte poussée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a obtenu un peu plus de 30 % des voix lors des récentes élections régionales en Saxe et en Thuringe.
Le virage à droite sur l’immigration est un "développement extrêmement effrayant" au sein de la classe politique allemande, observe Nihad El-Kayed, experte en intégration et en migration à l’Université Humboldt de Berlin. "Je trouve alarmant que personne ne prenne vraiment position en faveur d’une politique d’asile ouverte et progressiste, car je pense qu’il faut aussi garder cela à l’esprit : 70 % des habitants de Saxe et de la Thuringe n’ont pas voté pour l’AfD et seule une petite partie de la population allemande y vit. Il est donc également antidémocratique de se concentrer sur les 30 %, même si cela reste bien sûr très alarmant". (...)