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Au Népal, le succès d’un programme de gestion communautaire des forêts
#forêts #agroforesterie #Nepas
Article mis en ligne le 3 mars 2024
dernière modification le 1er mars 2024

Le Forum social mondial a eu lieu du 15 au 19 février à Katmandou. Localement, l’accès des populations aux ressources naturelles, à travers une gestion communautaire des forêts expérimentée depuis longtemps, suscite un intérêt renouvelé.

Dans les années 1970, les forêts des hauts plateaux du Népal avaient commencé à sérieusement décliner à cause de leur surexploitation pour le bois de chauffage, avec pour conséquences inondations et glissements de terrain. En adoptant, en 1993, une loi fondamentale forestière transférant les responsabilités de gestion forestière aux communautés locales, le gouvernement népalais y voyait surtout le moyen d’augmenter la surface forestière du pays.

Entre 1992 et 2016, la couverture forestière du Népal a presque doublé, passant de 26 % à 45 % de sa superficie. (...)

Avec une gestion active des forêts et des efforts importants de plantation, les plantes ont repoussé par régénération naturelle, les gens ont pu récolter et vendre des produits forestiers, tout en limitant la déforestation et l’abattage pour le pâturage et le bois de chauffage. (...)

Selon une étude récente, les forêts communautaires occuperaient ainsi environ 2,3 millions d’hectares, soit près d’un tiers de la superficie forestière du Népal. Elles sont contrôlées par 22 000 communautés, comprenant environ 3 millions de ménages.

Toutes les couches sociales représentées (...)

Les comités de groupes d’utilisateurs ont un mandat de cinq ans, se réunissent en assemblée générale publique tous les ans et sont responsables de l’audit annuel. Parmi les bénéfices de cette gestion communautaire, Birkha Shahi pointe la sauvegarde des espèces menacées, la protection de la faune et de la flore, la protection des sources d’eau et des bassins versants et la lutte contre le réchauffement climatique. Quant aux revenus des bénéficiaires, ils se comptent en prélèvements de bois d’œuvre et de bois de chauffage, de plantes médicinales et d’herbes et feuilles pour l’élevage, en agroforesterie, écotourisme, eau, etc. (...)

la mise en œuvre du programme s’est principalement concentrée sur l’augmentation du couvert forestier et la dynamique complexe des moyens de subsistance ruraux dépendant des forêts a été négligée. (...)
le Népal est devenu importateur net de denrées alimentaires, en particulier de céréales, au début des années 1980. Ce changement, selon beaucoup, est lié à la mise en œuvre de nouvelles politiques forestières sous la bannière de la forêt communautaire. (...)

« Il y a eu constamment une lutte entre démocratie directe et démocratie représentative, or tout le concept de foresterie communautaire repose sur la démocratie directe. » Le responsable de la Fédération des utilisateurs de forêts communautaires Birkha Shahi dénonce lui aussi les interventions des entreprises, la corruption des politiques locaux, le fait que les groupes ne peuvent pas accéder à des prêts, mais seulement à des subventions… Les obstacles sont patents. (...)

Après quelques années d’expérimentation, le principal succès du programme reste l’augmentation de la surface de forêt, une réalité unique dont le Népal peut à juste titre s’enorgueillir. Mais « la forêt est renouvelable, elle ne doit pas seulement être protégée, elle peut être aussi une source de revenus, de subsistance pour les communautés locales. Comment utiliser la foresterie au profit des plus vulnérables, c’est le plus grand défi sur lequel nous essayons de travailler », conclut Barhat Bokharel.