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RFI
Au Liban, des secteurs de l’économie sont affectés par le départ des réfugiés syriens
#Liban #Syrie #refugies #economie
Article mis en ligne le 21 décembre 2025

Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, en décembre 2024, des centaines de milliers de Syriens réfugiés au Liban sont rentrés dans leur pays. Ces départs massifs réjouissent la population libanaise mais inquiètent les patrons et les employeurs dans plusieurs secteurs de l’économie.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) a indiqué avoir cessé, fin novembre, son programme d’aide aux réfugiés pour quelque 379 000 Syriens ayant quitté le Liban pour rentrer dans leur pays. Le ministère libanais des Affaires sociales avance un chiffre similaire. Des dizaines de milliers d’autres réfugiés, qui ne s’étaient pas inscrits auprès du HCR, sont également retournés en Syrie.

Ce mercredi 17 décembre, la Sûreté générale libanaise a organisé la 13e phase du plan du gouvernement de « retour volontaire » des réfugiés syriens.

Ces départs massifs sont vus d’un bon œil au Liban, où se plaignait depuis des années de ne plus être en mesure de supporter sur son sol un nombre de réfugiés représentant le quart de sa population. La présence de ce grand nombre de réfugiés sur le territoire exigu du Liban était devenue une source de tension avec les communautés locales et d’inquiétude pour les autorités du pays.

L’envers de la médaille

À peine le processus de retour sérieusement engagé que les Libanais commencent déjà à percevoir l’envers de la médaille. Si la présence des réfugiés constituait effectivement pour le Liban un défi majeur sur les plans humanitaire, social et sécuritaire, il avait aussi un aspect positif. La population déplacée syrienne fournissait une main d’œuvre qualifiée et bon marché pour de nombreux pans de l’économie. (...)

Les employeurs des secteurs de l’agriculture, de la construction et de la restauration étaient enclins à engager des Syriens moins rémunérés que les Libanais et pour lesquels ils ne payaient aucune charge sociale ou patronale. (...)

Le secteur le plus touché par cette pénurie naissante de main d’œuvre est celui de l’agriculture. La récolte des olives, tradition profondément ancrée dans la vie rurale au Liban, était réalisée depuis des années dans toutes les régions du pays par des ouvriers journaliers syriens. «  Cet automne, j’ai eu un mal fou à constituer une équipe qualifiée et efficace pour la cueillette des olives, se plaint Khalil, propriétaire de plusieurs oliveraies dans la région de Jbeil, au Mont-Liban. J’ai procédé à la cueillette avec deux semaines de retard, par conséquent, une partie de ma récolte a été perdue.  »

Dans la plaine orientale de la Békaa, considérée comme le grenier du Liban, le manque de travailleurs s’est fait clairement sentir. De nombreux campements de réfugiés - comme celui de la localité frontalière de Ersal -, qui abritaient des dizaines de milliers de personnes, sont désormais déserts. (...)

La pénurie de main d’œuvre dans le secteur de l’agriculture s’est déjà traduite par une hausse des salaires d’au moins 25 %. La journée de travail de sept heures est passée de 15 à 20 dollars, voire 25 dollars dans certaines régions. (...)

La restauration et le commerce affectés

L’autre secteur sérieusement affecté par le départ des Syriens est celui de la restauration. Depuis une dizaine d’années, une grande partie des enseignes du pays a progressivement remplacé son personnel libanais, notamment les serveurs et les chefs de rang, par des Syriens. (...)

Le secteur des livraisons à domicile est également touché. «  La plupart de nos étaient syriens. Certains sont partis cet été  », confirme Fayez Sakr, responsable du personnel dans une compagnie spécialisée dans la livraison de marchandises à domicile.

Ces départs font parfois le bonheur des Libanais. «  Cela fait plus d’un an que je cherche un emploi de livreur pour arrondir mes fins de mois. J’ai finalement été contacté la semaine dernière pour une interview et j’ai été embauché  », se réjouit Naji Rouhana, un étudiant de 19 ans. (...)

Un sursis pour le secteur de la construction (...)

«  À ce stade, les opportunités d’emploi en Syrie ne sont pas intéressantes et suffisantes pour les travailleurs qualifiés, car le processus de reconstruction du pays n’a pas encore réellement commencé », explique Massaad Khoury. « Cependant, avec la levée des sanctions américaines, leur retour en Syrie est inévitable. Il va falloir se préparer et s’accommoder avec cette nouvelle réalité », conclut le chef d’entreprise.