
Abdallah Zekri est le recteur de la mosquée Sud-Nîmes et vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il a participé, dimanche, à la marche blanche organisée à La Grand-Combe (Gard), en mémoire d’Aboubakar Cissé, un jeune musulman sauvagement tué à coups de couteau vendredi, dans la mosquée de la commune.
Dans un entretien à Mediapart, il dénonce la faiblesse des réactions de l’exécutif et notamment du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. Il s’inquiète de la stigmatisation des musulmans, qui souhaitent « être considérés comme des Français à part entière ».
Mediapart : Vous avez participé à la marche blanche en mémoire d’Aboubakar Cissé à La Grand-Combe. Comment s’est déroulé l’événement ?
Abdallah Zekri : Tout s’est très bien passé, il y avait beaucoup de monde, plus de mille personnes. On était très agréablement surpris, on ne s’attendait pas à une telle mobilisation. Toutes les confessions religieuses étaient représentées. Les gens sont très sensibles à l’horreur du crime commis contre Aboubakar et ont tenu à manifester leur soutien. Aujourd’hui, les fidèles musulmans étaient contents et soulagés par cette mobilisation.
Quelle est votre réaction à ce meurtre ?
Le climat politique actuel ne peut que favoriser de tels actes. Les musulmans sont attaqués du matin au soir sur certaines chaînes d’information. On nous accuse de tous les maux, il y a un amalgame permanent entre islam et islamisme. Je suis d’autant plus inquiet qu’on va rentrer dans une période électorale, avec les municipales de 2026 puis la présidentielle de 2027. Je crains que les musulmans n’en prennent encore plein la gueule, avec des discours haineux et de stigmatisation.
Comment jugez-vous la réaction des autorités ?
J’ai été choqué par le silence des autorités. (...)
Dégagez chez vous », « Islam, religion de merde ». Malheureusement, à force de recevoir des courriers comme ça, les gens ne portent pas plainte, car, à chaque fois, on leur dit que l’auteur ne peut pas être identifié, et donc l’affaire est classée.
Les musulmans en ont marre d’entendre toujours la même chose et d’aller faire la queue au commissariat pour porter plainte concernant des menaces ou des insultes. Nous demandons à être considérés comme des Français à part entière et non comme des Français à part.