Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France TV Info
Après six mois de guerre à Gaza, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou est critiqué de toutes parts en Israël
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #USA #Netanyaou
Article mis en ligne le 7 avril 2024
dernière modification le 6 avril 2024

Le chef du gouvernement israélien fait face à la colère de l’opinion publique, qui lui reproche de ne pas avoir réussi à libérer les otages du Hamas. Au sein de l’exécutif, des voix appellent à des élections anticipées.

(...) Mercredi 3 avril, Benny Gantz, ancien ministre de la Défense et membre du cabinet de guerre formé après l’attaque du Hamas, a appelé à des élections législatives anticipées dans l’espoir de le remplacer. Cette déclaration s’inscrit dans le sillage des nombreuses critiques adressées au chef du gouvernement.

Ces derniers jours, des milliers de personnes ont manifesté, notamment à Tel-Aviv et Jérusalem, pour appeler à sa démission. Parmi elles, des familles d’otages du Hamas, qui lui reprochent de ne pas avoir réussi à libérer leurs proches. Selon un sondage de l’Institut israélien pour la démocratie mené en janvier, seuls 15% des Israéliens souhaitent que Benyamin Nétanyahou reste en poste après la guerre à Gaza, cite le Times of Israel. Même au sein de son gouvernement, des voix dénoncent sa stratégie militaire, alors que plus de 33 000 Palestiniens sont morts selon le ministère de la Santé du Hamas, et qu’une frappe israélienne a tué sept humanitaires le 3 avril, provoquant une vague d’indignation à travers le monde.
L’exaspération des familles des otages (...)

Selon les autorités israéliennes, sur les 250 personnes kidnappées le 7 octobre, 130 sont toujours officiellement considérées comme captives. Toutefois, 34 d’entre elles seraient mortes. Or, Benyamin Nétanyahou n’a cessé de répéter que la libération des otages était une de ses priorités. "Nous nous en occupons jour et nuit", a-t-il assuré en janvier (...)

Mais après plus de cent quatre-vingts jours de guerre, des familles déplorent n’avoir reçu aucune information sur leurs proches prisonniers. Certaines ont déclaré que le gouvernement avait même refusé de les recevoir. La colère est montée d’un cran en décembre, quand l’armée israélienne a admis avoir accidentellement tué trois otages. "Les familles ont atteint un point de rupture avec Nétanyahou", a dépeint auprès du Washington Post Josh Drill, responsable du mouvement Change Generation, qui se bat pour la libération des otages.

Pourtant, au début de la guerre, "les Israéliens en général soutenaient les objectifs de guerre du gouvernement", rappelle auprès de franceinfo Nimrod Goren, chercheur chargé des affaires israéliennes au Middle East Institute. Mais ils constatent désormais que "les négociations pour la libération des otages n’avancent pas comme ils l’espéraient". Régulièrement, les médias israéliens diffusent des témoignages d’otages libérés, de femmes qui racontent des violences sexuelles subies en captivité… Et "les familles ressentent encore plus l’urgence d’agir", poursuit Nimrod Goren. Benyamin Nétanyahou est d’autant plus critiqué qu’après les attaques du Hamas, il avait déjà été accusé d’avoir ignoré les avertissements sur un assaut d’ampleur du mouvement islamiste.

Une stratégie militaire critiquée (...)

"Il faut le dire avec courage : il n’est pas possible de restituer les otages vivants à court terme sans un accord [avec le Hamas]."

Gadi Eizenkot, ancien général et ministre du cabinet de guerre (...)

Impensables au début de la guerre, ces critiques révèlent une "inimitié entre l’armée et le Premier ministre (…) sans précédent dans l’histoire israélienne", écrit l’analyste américano-israélienne Mairav Zonszein, membre de l’International Crisis Group, une ONG spécialisée dans la résolution des conflits. Selon la spécialiste, les militaires tiennent Benyamin Nétanyahou responsable d’une mauvaise préparation de l’armée à la guerre en raison de la crise liée à la réforme judiciaire de 2023. Ils l’accusent de "manœuvrer pour éviter toute responsabilité personnelle dans une future enquête étatique." Un audit de l’armée et du gouvernement est en effet sur la table pour évaluer les éventuels manquements ayant pu conduire à l’attaque du 7 octobre.

Colère autour de l’exemption militaire accordée aux ultraorthodoxes (...)

Des divisions anciennes qui refont surface

Les critiques contre Benyamin Nétanyahou sont loin d’être nouvelles. Elles étaient déjà nombreuses avant la guerre, notamment en raison de la réforme judiciaire. (...)

Et bien que fragilisé, Benyamin Nétanyahou n’a pas dit son dernier mot. Au cours de ses trente ans de carrière politique, dont une quinzaine à la tête du gouvernement, il "a déjà été considéré comme un homme politiquement mort à de nombreuses reprises, et il a su rebondir", rappelle auprès de l’AFP Emmanuel Navon, professeur à l’université de Tel-Aviv. Il peut ainsi compter sur un soutien sans faille de son parti, le Likoud, qu’il a su transformer en "une entreprise familiale, où il n’y a pas de dissidence", dit-il.

Face à la contestation, le Premier ministre reste inflexible, car il "veut sortir grand vainqueur de la guerre", reprend Denis Charbit. Il estime qu’arrêter les combats maintenant constituerait un échec, à la fois pour lui et pour Israël. (...)

A ce jour, les Etats-Unis, principal allié militaire d’Israël, semblent les seuls capables d’infléchir la position du Premier ministre. Le 4 avril, pour la première fois, la Maison Blanche a lié son soutien à l’Etat hébreu à une action "immédiate" dans la bande de Gaza. Quelques heures plus tard, l’exécutif israélien annonçait l’intensification du transport de l’aide humanitaire via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez.

Lire aussi :

 (Huffington Post)
Guerre à Gaza : six mois après l’attaque du 7 octobre, les chiffres vertigineux de la riposte d’Israël

(...) près de 33 000 personnes sont mortes à Gaza et 75 000 blessées dans les bombardements et les combats au sol.

Les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. Le bilan de l’Unicef dévoilé début avril fait état de 13 750 enfants et 3 250 femmes tuées, soit près de 70 % des victimes.

L’impact pour les Gazaouis est colossal : 1,7 million d’entre eux ont été déplacés, soit 80 % de la population présente de la bande de Gaza.

En plus du bilan humain, s’ajoutent le risque de famine et les dégâts économiques. (...)

comme le principal bilan humain est fourni par le ministère de la Santé du Hamas, la fiabilité de ses données est souvent remise en cause, la faute au statut d’organisation terroriste du mouvement islamiste palestinien établi notamment par l’UE ou les États-Unis.

Malgré ces limites, les chiffres du Hamas conservent une certaine crédibilité du fait des estimations fournies par l’administration américaine ou l’UNICEF. Début avril, l’agence onusienne affirmait que la guerre à Gaza avait fait 32 623 morts, un chiffre pas si éloigné de celui avancé par le Hamas.