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Mediapart
Après la confusion, le « tout sauf RN » s’impose doucement chez les macronistes
#electionslegislatives #extremedroite #frontpopulaire #macronie
Article mis en ligne le 3 juillet 2024
dernière modification le 2 juillet 2024

À rebours du « ni-ni » d’abord défendu par Édouard Philippe et Bruno Le Maire, le camp présidentiel affiche peu à peu un front républicain plus clair face à l’extrême droite. Les désistements se multiplient, réduisant d’heure en heure le nombre de triangulaires.

Longtemps tenus à la cohésion par l’exercice du pouvoir, les soutiens du président de la République ont donné à voir, depuis dimanche soir, toutes leurs divergences. Au sein du gouvernement, mais aussi entre les trois composantes de l’ex-majorité (Renaissance, MoDem et Horizons), les différences se sont concentrées sur une question : faut-il faire barrage, coûte que coûte, à l’extrême droite au second tour des élections législatives ?

Malgré des heures de palabres à l’Élysée dimanche encore, les cadres de la coalition présidentielle ne sont pas parvenus à s’accorder sur une réponse commune. (...)

Au cours de la soirée, c’est la ligne du « ni-ni » qui a d’abord semblé l’emporter. (...)

Lundi matin encore, Bruno Le Maire a exprimé sur France Inter son refus de choisir entre LFI et le RN. (...)

Arrivée troisième dans sa circonscription marseillaise, la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache s’est désistée et a dit « de façon très claire » sa volonté de faire barrage au RN. « Les échecs, ça arrive, le déshonneur on ne s’en remet jamais », a dit l’élue des Bouches-du-Rhône. D’autres, comme la ministre des outre-mer, Marie Guévenoux, candidate dans l’Essonne, ou sa collègue chargée du handicap, Fadila Khattabi, en Côte-d’Or, ont fait de même.

Dimanche soir puis lundi 1er juillet au fil de la journée, les désistements de ce type se sont multipliés et les triangulaires sont progressivement devenues des duels. Une impulsion dictée dès dimanche soir à l’Élysée et diffusée sur le terrain, parfois au prix de certains efforts. « Quand j’ai appelé la candidate de ma circonscription pour la débrancher, ça n’a pas été une simple affaire, raconte un cadre du camp présidentiel. Elle a fondu en larmes mais elle a accepté. »

Loin de la ligne défendue par Édouard Philippe ou Bruno Le Maire, Gabriel Attal et Emmanuel Macron se sont retrouvés sur la marche à suivre pour priver le RN de majorité absolue. Lundi midi, face aux membres du gouvernement, le président de la République a appelé à « ne pas se tromper ». « C’est l’extrême droite qui est en passe d’accéder aux plus hautes fonctions, personne d’autre, a-t-il affirmé, selon RTL. Pas une voix ne doit aller à l’extrême droite. Il faut se souvenir qu’en 2017 et en 2022, en face, à gauche, tout le monde a porté ce message. Sans cela, votre serviteur et vous ne serions pas là. »

Lundi, face aux candidats de la majorité réunis en visioconférence, Gabriel Attal a enfoncé le clou. « Seul le RN peut avoir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, a-t-il lancé, hiérarchisant les périls. L’enjeu est donc clair : veut-on confier les pleins pouvoirs et le destin du pays au RN ? »

Barrer la route au lepénisme

Du côté des anciens socialistes de la macronie, les choses sont encore plus claires. « PARTOUT, Front républicain contre le Front national (sic) », a tweeté, lundi, l’ancien président de la commission des lois et ancien des jeunes socialistes, Sacha Houlié, en campagne pour sa réélection à Poitiers (Vienne).

« Le pays est au bord d’une majorité d’extrême droite », a lui aussi martelé sur France Info l’ancien ministre des Transports, Clément Beaune, battu dimanche à Paris. (...)

« Il n’y a aucune nuance à avoir : je ne veux pas de majorité d’extrême droite, donc partout où le RN est présent, il faut le battre, y compris en votant pour des candidats insoumis », souligne auprès de Mediapart Jean-Marc Zulesi, qui ne porte pourtant pas les mélenchonistes « dans [son] cœur ». (...)

Lundi, l’ancienne première ministre Élisabeth Borne s’est jointe au concert des « barragistes ». « Je ne pense pas qu’on puisse mettre le Front populaire et le RN sur un pied d’égalité » (...)

« Je suis même surpris de la rapidité avec laquelle les candidats se sont désistés », observe Bernard Guetta. « Ceux qui restent sur la ligne du “ni-ni” sont de plus en plus rares », ajoute celui qui a « détesté » la campagne visant à mettre en équivalence les deux « extrêmes ».

Pascal Canfin, son collègue au Parlement européen, manifeste une forme de bienveillance. « J’entends ceux qui disent au sein de la majorité que LFI, c’est trop loin de leur base, assure-t-il. Sur le fond, si on fait un exercice théorique à plat, je comprends leurs réticences. Mais si on parle de démocratie réelle, il n’y a pas à barguigner. Les électeurs de gauche ont fait le job quand il a fallu élire Macron contre le RN, deux fois. Maintenant, aux électeurs du centre de faire le job, quoiqu’ils pensent du candidat X ou Y. L’avenir de la France dépend intégralement de cette capacité collective à faire front. »