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l’Humanité/Pierre-Édouard Stérin, saint patron de l’extrême droite française #21.
Après l’officialisation du soutien de Pierre-Édouard Stérin à l’Observatoire du décolonialisme, Nathalie Heinich démissionne
#milliardaires #Sterin #universite #extremedroite
Article mis en ligne le 18 février 2025

Rififi à l’Observatoire de l’éthique universitaire (ex-Observatoire du décolonialisme, puis ex-Observatoire des idéologies identitaires) après l’officialisation du financement par Périclès de cette structure qui fait office de fer de lance de la lutte contre « l’islamogauchisme » à l’université.

À la grande époque, l’Observatoire du décolonialisme, qui rassemble des universitaires, fournissait, clés en mains quasiment, des sujets sur « l’islamogauchisme » et sur le « wokisme » à l’université, pour égayer les Unes du Point, du Figaro ou encore de Marianne. Puis, ça s’est gâté… L’an dernier, la « rumeur », relayée dans l’Express, d’un financement par Pierre-Édouard Stérin avait déjà créé des turbulences dans le landerneau.

Aujourd’hui, c’est Périclès qui l’officialise sur son site web : édité par l’association Laboratoire d’analyse des idéologies contemporaines (LAIC), l’Observatoire de l’éthique universitaire – son nouveau nom – a bien reçu des fonds de Pierre-Édouard Stérin. Mais pour son président, le médiéviste de la Sorbonne Xavier-Laurent Salvador, interrogé par l’Humanité, l’argent ne proviendrait pas de Périclès, bâti pour faire gagner une union des droites extrêmes, mais de l’instrument de philanthropie du milliardaire catholique. (...)

La lettre de démission de Nathalie Heinich

Interpellé par l’Humanité sur cette anomalie apparente dans les circuits de financement de Stérin, Arnaud Rérolle, le directeur général de Périclès, se montre formel. « Périclès a accompagné l’ensemble des projets dont le logo se trouve sur notre site, que ce soit financièrement ou opérationnellement, tranche-t-il. Ces organisations sont libres de communiquer ou non sur la nature et la profondeur de notre collaboration. »

Au sein du LAIC et de son observatoire, cette fois, ça grince vraiment… Contactée par l’Humanité, la semaine dernière, la sociologue Nathalie Heinich, vice-présidente du conseil scientifique du LAIC, répond « en son nom propre » à nos questions. (...)

« À titre personnel, je n’aurais jamais accepté d’engager une collaboration avec un organisme promouvant de telles positions. » Mardi dernier, dans une lettre de démission de ses fonctions au sein de l’association, elle dit avoir plaidé, sans succès, pour une rupture avec Stérin, malgré « l’inconvénient de nous priver d’une partie conséquente de nos moyens financiers, qui nous ont permis depuis deux ans d’assumer les frais du secrétariat de rédaction et d’organiser divers colloques et rencontres ».

Dans son courrier, transmis à l’Humanité, la sociologue ajoute : « Le contenu du projet Périclès met en avant une prise de distance avec la laïcité, alors même que celle-ci fait partie de nos valeurs fondamentales. Et il soutient des positions très à droite (conservatisme, catholicisme traditionaliste, illibéralisme…) qui ne peuvent que heurter ceux d’entre nous qui, comme moi, n’ont pas renoncé à ancrer aussi à gauche le combat contre le wokisme. »