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Mediapart
Amendes Covid : un policier de Suresnes condamné pour faux en écriture publique
#police #discriminations #faux
Article mis en ligne le 5 mai 2025
dernière modification le 3 mai 2025

La cour criminelle des Hauts-de-Seine a condamné Thomas P. à 18 mois de prison avec sursis et à l’interdiction définitive d’exercer, avec effet immédiat, pour avoir constaté les « infractions imaginaires » d’un adolescent. Il est inéligible pour dix ans.

(...) Son avocat, Laurent-Franck Liénard, a aussitôt annoncé son intention de faire appel d’un verdict « inique », aux effets immédiats. (...)

Cette mesure d’exécution provisoire avait été requise par l’accusation, au vu de la « gravité » et de la « singularité » de ce dossier, qui « n’est pas une infraction banale ». L’avocate générale réclamait aussi quatre ans de prison avec sursis contre le policier. « J’ai bien entendu son attachement à la profession, sa motivation depuis son plus jeune âge pour être policier », concluait Virginie Deneux. « Mais il y a des choses qui sont incompatibles avec l’exercice de la fonction. Que les procès-verbaux soient réguliers et sincères, c’est fondamental. » (...)

« Demain, il n’est plus policier », s’est également félicité l’avocat de la famille. Me Arié Alimi a salué une procédure « faite pour Mehdi, grâce à ses parents », et une décision importante « pour tous les gamins des quartiers, submergés par la multiverbalisation discriminatoire, dont l’avenir est obéré ».

La présidente de la cour, Emmanuelle Bessone, a déclaré que « les hypothèses » avancées par le policier pour justifier de la régularité de son action « ne résistaient pas à la convergence d’éléments objectifs ». « Ni vous ni Mehdi G. ne vous trouviez sur les lieux du contrôle au moment où il a été verbalisé », a poursuivi la présidente à l’énoncé du verdict, considérant que « des infractions imaginaires ont été constatées ».

Les actes de Thomas P., qui ont été commis « dans un contexte groupal de tensions avec Mehdi G. », vu comme un petit délinquant par les policiers, « sapent la confiance de la population dans les institutions, dans la police et la justice », a conclu la cour. Celle-ci estime que l’accusé n’a « pas pris la mesure de la gravité des faits reprochés et des enjeux de la procédure criminelle », motivant ainsi l’exécution provisoire de la décision. (...)

Dans sa plaidoirie, Arié Alimi a rappelé que son client avait plusieurs fois été étiqueté comme un « indésirable » dans le logiciel de main courante utilisé par les policiers. « Ce n’est pas qu’un mot, c’est un mot qui vient de loin », a insisté l’avocat, dans une allusion aux publics successivement ciblés par ce terme : les « juifs étrangers » dans les années 1930 et et les « Français musulmans d’Algérie » dans les années 1960.

Laurent-Franck Liénard a réfuté « la légende du harcèlement » formulée par la partie civile, accusant la famille de Mehdi G. de vouloir « échapper à une dette fiscale », et leur avocat, Arié Alimi, de « soutenir un intérêt politique à grand renfort de presse ». (...)